La mort de croûton
(Chronique des années 2005-
Roman
I Un pays tranquille
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Il était une fois une place creusée de larges trous à deux pas de notre mer. Les
graviers, les gravats, du goudron par plaques, en tas amoncelés, accumulés, désespéraient
de leurs pyramides trois touristes égarés. Ah s'ils avaient su... Pourtant, ici,
chez nous, les Arabislams n'avaient pas encore fait sauter de bombes, ils étaient
si occupés en Irak qu'ils ne prenaient pas de vacances. Les palmiers tristes dont
les palmes pendouillent, sans reflets dans la mer liquoreuse, rêvent d'atolls et
leurs familiers fauchés d'une vengeance aux élections trop lointaines. Merlet a promis
un tramway. Avec son entrain habituel pour le début des travaux -
Mais notre actuel frétillait, il trottinait, inlassable, le tête débordant sur la ville de projets bruyants. Et depuis qu'il s'était marié avec une presque vedette du presque cinéma, une présentatrice de la télé, il adorait les inaugurations. Anticipées parfois. Récemment, avec sa Cléopâtre, il a inauguré un parking sur les terres de l'ouest lointain, pas loin de chez moi; la presse et les petits fours ont bien joué leurs rôles; nous avons été contents d'admirer dans le journal local. Pour le parking on sera autorisé à aller y payer dès la fin de l'année. Ou au début de la suivante.
Les panneaux-
Tout à coup la rue se vida. Un événement quelconque faisait rentrer les gens chez eux. Un chien se planta en plein milieu de la rue, aucune voiture ne vint le défier, il était vieux, il tournait la tête lentement pour voir d'où viendraient les cris, il n'y avait rien.
Trois bombes avaient éclaté le métro de Londres. Des gens se tordaient dans le sang;
les civières ressortaient de la fumée avec des êtres défigurés, aux yeux hagards;
des pompiers se mêlaient aux policiers, aux rescapés qui ne répondaient pas aux questions,
comme stupides, aux curieux qui arrivaient pour bien compatir. Des journalistes cherchaient
avec une activité fébrile la victime qui avait filmé sur son portable ou son caméscope,
ou au moins pris des photos, là, dans la gueule de l'horreur, peut-
La gangrène islamiste pourrissait des régions, des pays, s'étendait dans tous les continents; on entendait parler fréquemment de complots déjoués, on ne savait pas s'il fallait le croire; mais la mort cette fois s'étalait, des sites internet islamistes se réjouirent et glorifièrent leur allah, la haine religieuse dansait sur les cadavres.
2
Croûton restait méditatif devant la rue vide. Les gens étaient allés vivre le drame
du pays voisin par la télévision mais cette forme de partage, sans risque d'ailleurs,
n'était plus en mesure d'alléger le poids de sa propre vie et il était resté là.
A tort; il allait encore passer pour quelqu'un différent des autres, qui se sent
supérieur même peut-
Un soleil fou frappait la ville sans une goutte de pluie depuis trois mois, on parlait de hausse générale des températures de la planète, la pollution avait déréglé la climat, la terre était malade des hommes. Les océans chauffent, débordent, avancent sur nous, les îles se noient, les baleines se suicident, le pétrole nage en plaines noires, les hôpitaux pour tortues sont débordés, ceux des oiseaux aussi, le pôles se vident de leurs ours blancs, les phoques suent...
Croûton se remit à marcher, la mer l'attirait; il se ferma aux drames, aux gens qui
hurlent dans des tunnels incendiés, aux continents qui s'asphyxient, à toutes les
souffrances qui rôdent autour de leurs proies; il se vida des pensées; il marchait
d'un pas mesuré, il ne regardait rien, il connaissait tout sur ces rues, c'était
presque pareil qu'à son arrivée dans la ville, voici bien des années. Sauf qu'elles
étaient à moitié défoncées; aucun ouvrier n'y travaillait; les trous béaient; une
curieuse odeur -
Les vagues égales qui filent en stries d'argent, s'échouent sur les galets qui, noyés
d'écume, au retrait restent un instant couvertes d'une dentelle de mer. Les profondeurs
là-
La mer monte dans le tête de croûton comme une marée, elle la hante de ses monstruosités, de ses bizarreries, sage juste en surface sous l'apaisement dur du soleil; elle est la pensée, elle est le temps. Croûton s'efface. Il sent son esprit se diluer, s'étendre à la dimension des mers, coïncider avec tout ce qui est. La raison murmure l'être. On dirait un balbutiement éperdu, on l'entend, on le comprend, on ne pourrait pas le mettre en mots, il brise toute barrière; la révélation, d'une évidence si simple, est fluide comme l'eau, elle recule comme une vague, on croit en retenir encore une dentelle, puis il ne reste rien.
De loin Proviçat repéra croûton. Lui aussi avant la rentrée avait eu envie d'une
sortie et, quoiqu'il ne fût pas un habitué des eaux et des plages, bravement, sans
gardes de son petit corps, ô aventure, il avait osé l'expédition. La vue de l'indésirable
lui gâchait la vue. Encore un mauvais point pour ce reste de drouète au bordel-
Croûton tout autant décidé à ne pas le voir.
Proviçat avait déjà dû, un peu avant, éviter les proviçats-
3
Petite Pervenche arrivait en 1re. Elle n'avait que dix-
Tous bien formés à la Meumeu dans le bordel-
Petite Pervenche est fin prête pour sa rentrée. Pendant toutes les vacances elle a oeuvré dur à entretenir et développer ses relations et, entourée de ses Cabochiens, elle n'a plus qu'à apprendre de quels professeurs elle doit s'occuper cette année. Son instinct lui promet le croûton. Elle en entend parler depuis toujours. Elle était encore chez les Marmousets qu'elle imaginait déjà le grandiose affrontement. On le lui doit. La légende croûton aura une fin Pervenche. Blonde la gauchère sera remisée aux oubliettes, la gloire de sa cadette obscurcira ce soleil. Ça va boumer !
Arzi l'Andouille de son côté devenu Sous mettait la dernière main à la préparation
de la rentrée. Son prédécesseur pourtant avait tout fait mais il avait tout revu,
et amélioré à sa façon. Très aimé de Cabochien la Blonde il soupirait en lui rêvant
une remplaçante et puisqu'il avait été vaguement éleveur lui-
Le ministraillon d'l'éduc, l'actuel, personne ne sait qui c'est. Il y en a sûrement
un. Bien caché; s'il se montre, les profs descendent dans la rue, même le premier
jour, ils ont besoin d'exercice après deux mois de vacances (trois pour ceux des
lycées qui habilement évitent les corrections des examens). Les syndicats ont une
longue liste de tout ce qui ne va pas aller; c'est la même depuis vingt ans : comme
ils font grève dès que l'on veut toucher à leur belle liste, elle reste belle. Voyons,
il faudrait tout de même découvrir le nom du ministre avec lequel on va jouer...
-
Ainsi tout est en place. Action ! Chosset est encore aux commandes, il essaie toujours de les bloquer; moins on avancera plus il restera longtemps. Mais il ne réussit plus à toutes les contrôler; Quiqui lui a pris son parti, le parti du président et devenu celui du futur président. Chosset a henni sur le traître. Quiqui lui doit tout et il essaie de lui prendre le reste. Politique est une vieille chatouilleuse qui minaude comme une ingénue, elle traite en rois ses gigolos qui dans leurs costards de luxe croient acquérir la dignité, l'estime, le mérite, alors qu'ils foulent la morale aux pieds et se prostituent. On a en vue plusieurs élections; de tous côtés des gens désintéressés salivent en pensant aux places, aux avancements qu'ils auront gagné si leur candidat gagne; pour notre réjouissante justice il n'y a pas là d'"enrichissement personnel" ni de corruption; c'est pareil mais c'est légal.
4
Dans le local djournal, on apprit une suicidaire noyade. Merlet pesta contre l'irresponsabilité
de la presse qui sabote la réputation de la ville par des informations prématurées
: on ne savait même pas de qui il s'agissait. Chacun, plein d'espoir, passait en
revue la liste de ses ennemis cherchant si l'un d'entre eux n'avait pas disparu depuis
quelques temps. Et on était déçu ! De ce fait le tempérament heureux de nos concitoyens
tournait à l'aigre et les remarques désagréables fusaient en rafales des bouches
désabusées. Voilà les dégâts que peut faire une presse incontrôlée, alors que les
gens ont tellement besoin d'avoir le moral pour vivre. Merlet ne décolérait pas devant
une telle inconscience anti-
Le mort était lui-
Proviçat était si affolé à l'idée d'une attaque des monstres par l'eau du robinet que, dans le louable but de préserver les jeunes innocents qui lui étaient confiés, le jour de la rentrée il avait coupé l'eau. Des parents, indifférents au risque couru, se plaignirent au sujet des toilettes. Du reste beaucoup d'enseignants manquaient, jugeant en vrais responsables qu'il valait mieux attendre pour sortir des jours meilleurs.
On identifia le criminel. Ce noyé était un nordique, de Lyon ou Grenoble, converti à l'arabislam et qui avait des liens avec Aïecaïda, une organisation terroriste; c'est ce qui expliquait son lâche attentat déjoué grâce à la vigilance de nos pêcheurs, momentanément au chômage.
Croûton avait beaucoup haussé les épaules durant la période d'angoisse, il s'était encore fait des ennemis.
Merlet non plus ne l'aimait pas. En vrai légaliste il jugeait que celui qui dirige
un établissement doit être le plus intelligent et, au lieu de remettre en cause le
système socialo-
Et d'abord, Proviçat enfournait son dada de bataille : "Plus autonomie, plus pouvoir il faut à moâ ! Oh, mon Sous, croûton l'ordure nous nargue, il ricane quand j'expose les grands principes, il m'a même un jour traité de con, moâ !
-
-
-
La rentrée s'était bien passée, sauf les absences de beaucoup de bien-
Pourtant une voix s'élevait, une voix un peu ânonnante mais forte s'élevait pour
condamner l'évolution de la jeunesse, celle de notre futur maire -
Et il alla prendre son bain frais journalier dans une mer respectueuse. Car il osait,
lui ! Pourtant l'eau n'était qu'à 20° ! Intrépide vieillard, mémoire -
5
Et Proviçat vit Cléopâtre.
Ce fut au bord d'un fossé profond; juste derrière s'élevait le monticule des cailloux,
graviers et saletés retirés, puis une zone curieusement cabossée s'étendait jusqu'au
trottoir en face où elle passa. Des touristes norvégiens égarés avaient photographiés
les restes restaurés de cette enceinte défensive d'un camp romain en pleine ville
aujourd'hui, pensaient-
Un regard suffit. Il suffit d'un regard ! Le coeur de Brouboulle était pris, serré,
captif. Cléopâtre passait insensible dans sa beauté. Elle répandait le mal, la torture
dans un coeur affolé, sans le savoir, occupée d'elle-
"Ooooh", fit-
Rentré chez lui il pensa à lui écrire une belle lettre. Devant une feuille de beau papier, dans le silence rassurant de son beau bureau, il fronçait son gros front pour en extraire les mots dont la lecture rendent une femme folle d'amour en retour. Il ne voulait pas de la littérature mais les formules magiques qui provoquent la réciprocité fougueuse d'une passion incontrôlable. Elle lirait, elle quitterait l'infâme Merlet, elle viendrait tomber dans ses bras, dans son lit.
Mais les mots... les mots... non. Il tenait l'idée. Mais les mots... Evidemment son
habitude d'écrire se limitait à signer en bas des textes rédigés par sa secrétaire.
Les basses oeuvres qui nécessitent les techniques rudimentaires de la grammaire et
de l'orthographe sont réservées au petit personnel; les hautes sphères, elles, concoctent.
D'ailleurs, comme tout bon gaucho-
Réfléchissant dur, Brouboulle se dit qu'il lui faudrait l'aide d'un spécialiste.
Une secrétaire ne trouverait pas les formules magiques... Certes l'Arzi avait bien
enseigné les laîtres... mais il avait surtout réussi avec ses élèves en jouant au
foot. Pour le bac, Inspec rédgional avait dû arranger les notes afin que la justice
nouvelle l'emporte... Risi l'oie, elle était plus éducatrice qu'enseignante, ce qui
était très très bien... mais servant plus à faire carrière qu'à écrire. La Catleen,
maîtresse de son ancien Sous, elle savait copier. Dans les livres du maître, les
revues professionnelles, les livres de cuisine. Mais là il aurait fallu des compétences...
Restait le croûton... Car tous les autres, Proviçat les passait en revue... Bons
enseignants à la Meumeu et à l'Allégrette, mais en-
Quand croûton entendit la demande, il resta coi. La stupéfaction lui coinça le rire et sa bouche bée fit douter son noble interlocuteur de ses capacités de rédacteur de formules magiques. Pourtant à quoi servaient les laîtres si elles ne donnaient pas la connaissance utile et utilisable dans la vie ?
"Ah, dit Proviçat en clignant des yeux, et faut parler de Jozin... Elle doit connaître l'illumination jozinienne avec l'extase de nos amours !"Croûton acquiesça gravement. Il avait d'abord pensé se fâcher, envoyer sur les piquants de rose les fesses grassouillettes de cet attardé en pleine crise sentimentale ado; mais l'amusement l'emportait, jouer à Cyrano avec ce Christian à la moustache stalinienne blanche promettait des délices auxquels il aurait été masochiste de résister.
Quelles lettres pouvaient paraître irrésistibles à cet ancien enseignant en plomberie,
ancien directeur d'établissement technique, fourvoyé à cause des bêtises idéologiques
du néo-
Croûton, méditatif, rentré en sa demeure F2, jugea judicieux de s'inspirer des discours
administratifs et politiques de Proviçat rédigés par sa secrétaire et son parti.
Le chef-
Après plusieurs tentatives il créa la missive d'amour :
"Belle, ô belle ! Bisous, dis, vite bisous. Je t'ai vue toi et moi j'ai aimé. Le Merlet i te vaut pas. Viens à moi, ô mon adorée ! Jozin bénira le nid nuptial. Jozin est grand et moi, son Proviçat, je fais régner Sa vérité. Les formes de ton corps ont l'abondance noble des déesses sans ombre au regard qui ne cille jamais. Elles ont fait boum dans mon intérieur. Ça est tout chaud. Ton Proviçat il est une bombe à répétition pour toi. J'ai trouvé tes photos déshabillées sur l'internet, elles tapissent le mur de ma chambre. Je veux toi dans la chambre moi. O belle, nous enfanterons les temps nouveaux. Bisous partout et toi à moi. Ma chérie, ma rêverie, mon fantasme et mon avenir c'est toi. Le Merlet il est nul. Un salaud de Drouète. J'ai au licé une cuisine grande comme un hall de gare, on peut s'en servir le soir car il n'y a pas d'internat. Tu ne peux que jouir avec moi, tu jouiras tout l'temps, alors tu seras heureuse. Je te conduirai à Jozin et il nous mettra à sa droite. Nous vivrons dans sa lumière et tu enfanteras des prodiges.
Amour, bisous.
Ton Proviçat Brouboulle."
Croûton relut avec soin, ajouta quelques fautes d'orthographe pour l'authenticité
et présenta l'Oeuvre à un Proviçat ravi qui découvrit la lettre de ses rêves. Tout
était parfait. La divine serait appâtée, attirée, irrésistiblement, elle viendrait
d'elle-
6
Tout le pays évitait soigneusement d'en parler. Soixante-
Femme de Quiqui, l'un des prétendants au trône, avait fugué avec un bellâtre. On avait les photos. Elle se baladait main dans main, bouche contre bouche dans un étranger pays avec... On ne dit pas mais ce n'est pas un Apollon, elle aurait pu trouver mieux pour les photos. Remarquez, elle n'était plus si jeune; encore pas mal; bien habillée surtout.
Quiqui dans l'adversité montra ses qualités morales. Il ne se laissa pas abattre.
Il y avait de quoi pourtant, comme on le lui faisait remarquer. Soixante-
Quiqui engagea une suppléante conjugale. Il interdit ses photos qui coûtèrent donc plus cher. On se passionna pour la nouvelle mais on fut critique. Elle ne valait pas l'autre. Quiqui fut rapidement informé du refus des masses laborieuses; ce ne pourrait être un contrat à durée indéterminée, elle serait envoyée dans son obscurité; Titus ne pouvait baiser qu'avec Bérénice; après des siècles l'union n'était pas seulement possible mais exigée par le peuple.
Pour la première fois, Proviçat trouvait un homme de drouète sympathique. Leurs cas
se ressemblaient beaucoup, pensait-
C'est vers ce temps que le candidat de grande gauche opposé à Quiqui se transforma
en candidate. En réalité il y avait encore d'autres prétendants mais ils pâlirent
de jour en jour. La presse avait fait son choix. Elle fit ses sondages qui donnèrent
ses résultats. Les candidats de la petite gauche vitupérèrent. Les freluquets de
la grande exigèrent des primaires à la quicaine en copie non conforme. C'est les
adhérents du parti qui choisiraient le candidat socialo, on n'imposerait ni un choix
d'en-
Les raisons du pré-
Candidate femelle avait un concubin qui se trouvait être le dirigeant en chef du
socialo parti. On n'avait pas voulu de lui pour porter la couleur rose à la pézidentielle
et il en avait gros sur le petit coeur. N'était-
Proviçat attendait la réaction de Jozin. Retiré depuis son échec aux pézidentielles
précédentes en l'île du Roué, dont il ressortait souvent, celui-
7
Banlieues, boum. De partout ça pétaradait. Les flambeurs de voitures jouaient gros
: mille la nuit sur toute la France. Au début les précurseurs dépassaient à peine
le quota admis (par Chosset mais ignoré des citoyens qui le découvrirent à cette
occasion avec horreur) de cent cinquante la nuit, deux cents le week-
En France on titrait : "Les Jeunes des banlieues se révoltent !"; à l'étranger on titrait sur l'intégration ratée à cause d'une immigration trop forte pour les capacités d'accueil du pays, Chosset n'était pas épargné dans les commentaires, notant que le taux d'arabislams en taule était si élevé depuis si longtemps que seul un aveugle pouvait ne pas le voir et seul un sourd pouvait ne pas entendre les avis d'arrêt d'urgence. Il n'en avait pas moins continué à ne rien faire tout en disant qu'il faudrait mais que bien sûr on ne pouvait pas; si quelqu'un insistait son célèbre large sourire disparaissait et il disait le mot des maux : Bruxelles.
En pleine crise le système mis en place par Chosset pour se couvrir continuait de
fonctionner : nul journal n'osait dire que les jeunes en question étaient des arabislams,
on disait "les jeunes" à la grande exaspération des autres; si quelqu'un osait le
parler vrai, les prétendues associations anti-
Le drôle de l'histoire c'est qu'aux yeux innombrables de la foule apeurée par la guerre sur ses terres, civile si l'on veut, c'est Quiqui de l'Intérieur qui portait le chapeau, qui paraissait le responsable, qui laissait brûler les belles voitures, qui...
Les heurts avec les forces policières furent extrêmement violents. Les bandes s'étaient
organisées. Elles avaient des tactiques pour attirer les forces de l'ordre dans des
pièges et imposer leur ordre. Des milliers de gendarmes étaient appelés au front,
leurs blessés cachés par la presse socialo-
Qu'avait donc fait Quiqui pour donner le prétexte attendu par les hordes guerrières
? Qu'avait-
Proviçat soutenait les défavorisés des banlieues (selon la terminologie autorisée
dans notre pays libre). Il en avait au bordel-
Quiqui, lui, était allé aux states et votait pour la discrimination positive au faciès
: si vous avez la gueule d'ailleurs vous avez la bonne place; vous voyez, plus besoin
de casser pur obtenir, suffit de dire : je veux ça, et le Français qui a bossé toute
sa vie vous voit passer devant. Bon Quiqui. Encore meilleur que Chosset. Dans l'éduc,
c'était déjà pratiqué à titre d'essai et ça marchait, on avait mis au pas les récalcitrants
qui ne voulaient pas obéir aux arabislams. Grâce à une natalité supérieure à la moyenne
nationale car ils tenaient bien leurs femmes, ceux-
8
Devant le fourmillement fou des nuits en flammes, Quiqui rappela des forces spéciales actuellement en vacances.
Je revois Lola, à l'aéroport, l'air renfrogné, un coup de soleil sur son joli nez,
secouant sa chevelure rousse comme une menace de contre-
Dès le lendemain elle réunit ses collègues et notre chef de police, qui n'osait plus rien dire depuis qu'elle l'avait pincé cinq fois de suite pour excès de vitesse sur sa moto, et dicta la nouvelle marche à suivre.
-
-
Le soir vint tout doucement, on se reposait dans chaque camp, il fallait être en
forme pour aller jouer. Le dîner fut partout parfaitement équilibré en glucides,
lipides, protides. Il y eut une petite séance d'échauffement avant, en fin d'après-
Puis on mit les armures, on distribua les armes, on fit les prières, pas les mêmes
de chaque côté (Gros tas n'avait jamais su même les bases mais il s'y mettait) et
après les cris de début de match : "A bas Chosset", "Vive Quiqui", "Mort aux Français",
"Les Français dehors"... on prit position dans les tranchées, derrière les barricades,
sur les toits... Et les voitures -
Mais tout à coup... Que se passait-
La presse locale loua. Mais la presse nationale au service de Chosset et des socialistes
blâma, multiplia les sous-
9
Au bordel-
Certes Cléopâtre lui tournait aussi la tête, mais cette tête tournait tellement vite
et dans tous les sens qu'il en oubliait d'attendre l'effet de sa belle lettre. Et
Jozin ? O Jozin ! Toujours aucune réaction. Pourquoi ne sortait-
Il lut la presse le lendemain des contre-
Croûton, lui, constatait avec tristesse que ceux que l'on ne devait pas appeler les
envahisseurs, ou procès-
Merlet était invisible. Il pensait qu'un maire doit rassembler, un maire est un rassembleur.
Conséquemment sa bonne gueule sympa doit rester à l'abri pendant les combats, car
après il faut pouvoir sourire. L'engagement d'un maire pour sa ville consiste à attendre
patiemment son heure, celle où l'on aura besoin de lui comme symbole de l'unité,
celle où il sera utile même s'il ne sait rien faire. Donc pour être à même de remplir
sa mission, devant l'ampleur des affrontements, Lion-
Quand Proviçat l'apprit, il fut indigné, il comprit que c'était l'enlèvement par un mari jaloux qui avait intercepté la lettre qui allait toucher le coeur de la belle. C'est pour cela qu'elle ne répondait pas ! Croûton consulté (en tant que spécialiste de l'amour) opta gravement pour ce point de vue.
Lola, quant à elle, fut furax lorsque la nouvelle lui parvint. Alors... elle, on
la faisait rentrer et les responsables politiques du désastre se sauvaient ! Merlet,
quoique réélu, était largement méprisé -
Du reste le nombre de voitures brûlées qui avait brutalement chuté chez nous, avait amorcé sa décrue partout; on en était à cinq ou six cents par nuit, sans plus. Il faut dire que les télés internationales commençaient de se lasser et, dans une démocratie, quand les reportages baissent, les manifestations baissent. Il faut se renouveler. Sans cesse créer de nouveaux spectacles. Alors djournaliste vous fait le grand honneur de vous convoquer.
-
Merlet barbotait avec sa bouée et construisait un beau château de sable. Il pensait
à son ex-
Cléopâtre voulait élever son Merlet au poste de ministre.
10
Au bord de notre mer, y a des gens qui courent, y a des gens qui courent. Pas vite
d'ailleurs. Et pas tous les jours. Chez nous on les appelle les sportifs. Quand on
vous a vu une fois user vos forces au noble exercice, vous êtes classé pour la vie.
Vous êtes un de ces fous qui passent leurs loisirs à sculpter leur corps dans l'espoir
de séduire, vous êtes un narcissico-
La blonde vénitienne aux sourcils de jais qui court qui court, murée dans sa musique... sa musique qui explose dans ses oreilles, issue d'un baladeur... d'un baladeur caché entre ses seins, qui l'enlace de ses fils... la blonde la Vénitienne sans regard, musique folle qui court... et sa foulée longue toujours égale est parfois vibrante, comme parcourue d'un tressaillement... son souffle rythme la musique et parfois s'oppresse... il s'accélère... il s'étouffe comme un sanglot... la Vénitienne ne voit personne dans sa course hors du temps... pourtant un jour ses yeux ont rencontré ceux de croûton.
L'homme méditait dos tourné à la mer, assis sur une des chaises bleues chichement
fournies par la mairie, comme tant, avant de repartir d'un pas tranquille, et le
non-
Il venait au bord de mer vivre une énigme. Cela le changeait du bain de bêtise au
bordel-
Elle était l'envol au bout de sa carrière, car croûton attendait la fin. En regardant
courir la Vénitienne, il ressassait le passé. Il se revoyait débutant dans le métier,
jeune professeur épuisé par des études longues et si dures quand on avait des parents
sans instruction et sans argent. Il arrivait à son premier poste, un collège à quatre
cents kilomètres de chez lui, le chemin de fer ne passait pas là; il arrivait, se
logeait mal car rien n'était prévu et à la rentrée, il n'en était pas revenu, les
autres, ceux qui n'avaient pas été capables d'endurer autant, de travailler autant,
de surmonter tant de peines, ils avaient un jugement préfabriqué pour accueillir
le nouvel agrégé : il était un privilégié. Croûton, non, n'en était pas revenu. Il
avait été aimable, comme toujours, gentil comme toujours, serviable; alors on l'avait
jugé privilégié et poire. Il était resté seul parce qu'il était seul de son niveau.
Il avait voulu partir et il était parti. Un autre collège; il voyait arriver à sa
tête un simple maître auxiliaire titularisé parce que de temps en temps, quand ces
personnels étaient trop nombreux, un ministre en mal d'électeurs titularisait en
masse; l'individu ne pouvait même pas écrire une lettre sans incorrections graves,
il avait enseigné ans un collège technique on ne savait trop quoi; mais présenté
aux élections par son parti il était devenu Conseiller général; un élu; le recteur
de droite ne voulut pas qu'un élu de gauche soit brimé par une position inférieure;
selon les avis du ministre il favorisa l'ascension du fils nul de bourgeois aisés,
baptisée ascension sociale tandis que croûton, sidéré, voyait pour la première fois
passer devant lui son inférieur intellectuel. Toutefois sa carrière contenait encore
des promesses, mais elle s'arrêta net et définitivement en 81 quand le socialiste
Prédissident arriva au pouvoir le tout en haut grâce à la trahison de Chosset dont
la conception politique était simple : pour la droite c'est moi ou personne; et il
démolissait ceux de son camp pour que nul ne soit devant lui. Croûton passé en lycée
vit arriver un premier Proviçat. Le type, ancien prof de Sciences économiques au
plus bas niveau, avait aidé en sa ville un proche de Prédissident, qui, grâce à la
dynamique créée par la Petzidentielle était monté puté, puis micuistre : alors il
avait distribué prébendes aux siens. Comme ça un peu partout on voyait les grognards
en postes dans le pays. Et les lycées, grâce à de magnifiques idées de progrès, étaient
devenus les bordels-
11
Un redoutable concurrent pour Quiqui, dans son propre camp, était le Prime minister factotum de Chosset.
Il avait un argument de poids : il avait pris un bain froid dans la Mer du Nord devant les caméras.
Et quand il courait, Quiqui ne pouvait pas faire le footing à côté car le factotum avait de plus grandes jambes.
Les sondeurs sondèrent et créèrent plusieurs fois l'événement par leurs résultats. Le fléau de la balance penchait parfois du côté de ce concurrent. Quelques coups de pouce et...
C'est alors qu'éclata l'affaire Clairestring, un foutoir où des innocents dont Quiqui paraissaient coupables au moyen d'un listing truqué de comptes à l'étranger. Comme personne n'y comprenait rien, djournalistes pouvaient s'en donner à coeur joie et pondre long article sur long article. Chaque semaine livrait de grandes révélations qui ajoutaient à la confusion.
Le factotum devait avoir une part de culpabilité. Il avait voulu piéger le Quiqui. Il fut puni par les sondeurs. Personne ne protesta car c'était justifié, de noirs soupçons planaient sur lui.
Il y avait un corbeau, un corbeau de l'enfer, qui avait porté la liste truquée à la lumière mais seul son bec blanc avait été vu. On le cherchait sans espoir.
Quiqui, blessé dans son honneur de Quiqui, avait porté plainte.
Il ne désignait personne.
Le factotum était suspecté par la presse. Chosset ne la tenait plus comme autrefois depuis que son parti lui avait glissé des serres. Et puis elle était joueuse, la putain, en plus d'être chère. Elle ne se livrait dès qu'elle était presque libre, qu'après s'être mise aux enchères, elle s'offrait au plus offrant et avec les élections les grandes bien en vue ça allait flamber avant l'extinction de la chandelle.
Les p'tits cand'dats servaient à rigoler. C'étaient de p'tits. Certains voulaient
passer la corruption au lance-
Pour se présenter il fallait cinq cents signatures de dignitaires des élections diverses, les partis en place depuis longtemps et de ce fait largement pourvus en millions par l'Etat tenaient donc bien le système. Les p'tits ils auraient des signatures si les grands le voulaient bien. L'électeur ne pourra voter que pour ceux pour qui on lui dira va voter, et voter dans ces conditions c'est un acte civique, qui rapporte gros à ceux qui font les belles carrières quand l'électeur a bien voté pour leur candidat. Le système n'est pas vraiment moral, il a été mis au point par et pour Chosset, un spécialiste de la politouic mais pas de la morale. Pour s'assurer des réélections il en a fait bien d'autres. Mais il a obtenu des votes de l'assemblée et des décisions du Conseil constitutionnel pour le couvrir. Il sort couvert, la morale ne passera pas par lui.
12
Proviçat était dans les gros calculs. Apprenez, brimborions, que les De la haute concoctent. Tôt le matin, vers les 11 heures, quand vous oeuvrez aux tâches ordinaires des emplois subalternes, il y a des sérieux qui pensent.
Les grands modèles étaient en lui. Il se recueillit, Jozin l'illumina. Prédissident vint aussi. Et à la table ronde se pointèrent le jovial Marx, Staline le béat, Lénine l'acidulé, le profond Mao et l'efficace Pol Pot. Tout le monde étant là, la séance de pensée put commencer.
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Prédissident prit la parole :
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Jozin conclut que dans l'éduc et particulièrement dans l'enseignement des Laîtres elles étaient suffisamment nombreuses pour qu'une action efficace pour l'amélioration de la société puisse être opérée. Les détails de l'opération étaient laissés au libre choix du glorieux représentant du progrès.
Le maternage bêtifiant généralisé appuyé sur le gauchisme actif de l'instituteur Meumeu maquillé outrageusement en apôtre de la pédagoglie la novatrice, grossissait jusqu'à la difformité trop visible. En rangs serrés les fâmes prétendaient enseignouer le françouais. Ecjute mâman. Les hommes aux techniques et scaïences, les fâmes aux laîtres. France glissait à fond de mare dans la satisfaction générale. Les ventres prenaient le pouvoir et c'était moooderrne. Ah oui. Les ventres tâchaient d'écarter les hommes par tous les moyens de leurs domaines désormais réservés qui s'agrandissaient toujours. Il est bien temps. C'est bien notre tour. Pas de scrupule donc. Jamais de scrupule. Quand le passé réinventé justifie les saloperies du présent, on peut y aller, on n'a pas à s'gêner.
Proviçat conscient de l'évolution pensa à l'utiliser. Le croûton défendait les Lettres
seul reste mâle dans l'enseignement des fâmes et elles seraient la barrière qui le
stopperait. Déjà il était isolé de toutes les façons. Elles se réunissaient entre
elles pour d'interminables parlottes qu'elles baptisaient avec bonne foi Conseils
d'enseignement ou de préparation au Bac blanc ou... où on papotait des gosses, du
mari éventuellement, des revues fâmes, des émissions fâmes, des chansonnettes fâmes...
Après, ah on a bien travaillé. Il faut rentrer à la maison et deuxième métier, s'occuper
de cette maison si le mari ne l'a pas fait. Au début croûton allait à ces réunions,
obligatoires d'ailleurs, puis il avait espacé ses présences sans que les papoteuses
s'en aperçoivent, finalement il n'y allait plus et elles croyaient que c'étaient
des réunions réservées aux fâmes. Elles n'arrivaient pas à comprendre qu'au XXIe
siècle un homme en soit encore à enseigner les Lettres françaises. Les élèves bien
formés en étaient à se demander si ce n'était pas un pédé. Sinon, comment explicouiller
? Et par en-
Arzi l'Andouille fut chargé d'encourager les élèves à chambouler l'unique cours de
Lettres au bordel-
La nouvelle table ronde fut vite en place avec gâteaux secs et boissons roses. Le débat portait sur les tourments à infliger à l'ennemi.
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L'Oie Germaine but et proféra :
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Petite Pervenche fit le bilan :
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II L'éduc, ventre de l'avenir
1
Les banlieues étaient calmes, c'est-
Chez nous Lola avait son petit Guantanamo, copié sur le grand modèle amerquicain.
Oh, c'était modeste. Nous n'avons pas les moyens d'une grande installation et l'ancienne
fabrique excentrée que nos défenseurs utilisent est sans confort. Mais les lois de
la République permettant aux coupables de démolir petit à petit la République, elle
avait eu l'idée de mettre en pratique une charia spéciale pour arabislams, afin qu'ils
ne se sentent plus désorientés, pis : mal-
Au siège de la police Lola reçut des plaintes pour des disparitions; elle enquêta
elle-
Comprenez bien que je n'excuse ni ne défends Lola en ses coupables actions, son zèle simplement était plus méritant que ses actes.
Du reste chez nous c'était le calme plat dans nos banlieues, on les oubliait. Elles,
elles ne nous oubliaient pas. Merlet de retour unifiait à sa façon très poblitic.
En clair il annonça un programme-
Il y avait même, paraît-
D'ailleurs l'usine a flambé, on ne voit d'éclopés nulle part, la presse a fait chou-
Et Cléopâtre donc. Elle a repris boulot sur les ondes de téléplate, elle si bien carrossée. C'est l'émission préférée de Proviçat. Il a repris sa correspondance après avoir plongé dans le décolleté de Bêêêlle car elle aime ouvrir les boutons du haut et si on est sage et que l'on écoute bien, on a droit à des gros plans et on peut plonger.
Il fit venir croûton et lui exposa ses aspirations. Elles tenaient à des boutons
superflus qu'il fallait ouvrir. Cyrano prit sa plume et rédigea la lettre aux boutons.
"O toi la compressée, libère-
2
Quiqui haussait le circonflexe de ses sourcils en une concentration réflexive einsteinnienne. Il cherchait son futur nom. Le nom de son sacre. Il ne pouvait s'appeler Quiqui 1er, cela manquait d'allure. Les disciples de Chosset l'avaient irrité en insinuant en des lieux médiatiques qu'il serait Chosset II. Mais lui voulait réaliser de grandes choses... Il lui fallait le nom qui l'annoncerait.
Il avait pensé à César mais le chiffre à mettre après prêtait à discussion, Napoléon
IV lui avait été refusé par des descendants bornés des numéros antérieurs, Alexandre
était bien... non, non, ce prénom ne va pas, il fait trop... passe-
Se penchant sur l'arbre généalogique de sa famille, il considéra que, venus des contrées hongroises, ses ascendants avaient sûrement... oui... probablement... des ancêtres Huns. Attila II, roi de France. Cela sonnait bien. Mais il y avait des connotations négatives... Il chercha dans un gros livre et conclut que, effectivement, des esprits chagrins trouveraient à critiquer. Il essaya un diminutif : Titi 1er ? On le croirait seulement roi de Paris. Attiléon ?...
A cette époque son rival Vilepinte, sous le prétexte qu'il était Premier ministre,
en profitait pour mettre en place diverses solutions au chômage. Pour ceux qui n'étaient
jamais embauchés il fit jaillir le Contrat Première Embauche. Le principe était à
son sens d'une aveuglante évidence : en rassurant le patronat qui craignait de devoir
garder du personnel inadéquat et en lui ôtant les charges etc il le convainquait
par son intérêt d'engager plus. Provisoirement. La lumière n'aveugla pas ses adversaires;
ils prétendirent que le but était de développer l'esclavage moderne. Les sans-
Une grande partie du peuple ne fit pas confiance à une autre grande partie et descendit dans la rue.
On était habitué.
Quand il n'y avait pas eu une grande grève dans l'année -
Vilepinte en était à vouloir faire passer de force son CPE. Schéma classique. La droite terroriste menaçait la gauche en pacifique promenade. Les jeunes, concernés en masse par la lumineuse invention, claquaient des dents de peur en considérant ce qui les attendait. Etudier dans ces conditions, avec l'angoisse de l'avenir CPE, n'était pas humainement supportable. Autant ne rien faire. Inutile de suer pour subir.
Comme toujours dans les rues on était très joyeux. La grève est la dernière grande fête populaire; qui n'a pas connu ça n'a pas connu la joie républicaine. La jeunesse se forgeait les bons souvenirs qui font supporter plus tard tant d'aléas. On avait envie de l'aider parce qu'on sait comme la vie est dure... Ainsi grossissait la foule dans la rue.
Chez nous aussi y avait d'la joie. Proviçat avait expliqué aux élites d'l'éduc que le Vilepinte on se l'faisait. Arzi l'Andouille avait exhorté les troupes adolescentes et en avant la bataille. Petite Pervenche trouvait la tâche écrasante : s'occuper à la fois du croûton et du Vilepinte... cela méritait deux Bacs. Et elle envisageait de les passer dès la fin de la 1re.
C'est au cours de ses travaux d'Herculette que Lola l'aperçut. Tout de suite elle
sentit le gibier. "Tudieu, fit-
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Entre l'Arzi qui la surveillait d'un côté et Lola de l'autre l'inconsciente Petite Pervenche avait des ennuis en vue quand Papa déboula en bagnole, sortit, flanqua une baffe à fille chérie, l'embarqua sans ménagement et repartit. Lui, il se demandait bien que faire d'elle quand il n'y aurait plus moyen de la faire garder à l'école et il était pour le CPE. Il n'avait pas envie de l'avoir à sa charge, à la maison, encore dix ou quinze ans.
La fête continua donc sans elle, le défilé fut calme et organisé, long, long... et on put enfin se taper sur la gueule. Même le Chef de la police vint jouer. Il avait besoin de se détendre; les bureaux, toujours les bureaux... C'était bien plus amusant que la bataille de fleurs au carnaval. Dans l'enthousiasme Lola fit même flamber quelques voitures mais elle se reprit vite et en arrêta des auteurs présumés qu'il fallut relâcher faute de preuves. Notre Chef de la police eut l'avantage sur le député socialiste et le dirigeant syndical trotskiste, comme quoi il n'était pas si rouillé, après ils allèrent finir la nuit en boîte. Les putes du coin travaillèrent bien mais elles en profitèrent pour augmenter leurs tarifs sous prétexte que l'offre était inférieure à la demande, elles se justifièrent par des propos du ministre des finances. On leur répondit par des propos du ministre de la justice mais elles ne se laissèrent pas intimider et il fallut payer. Quelle belle période ! Nul n'avait besoin de se droguer, tout le pays planait. Au matin, vers onze heures, car on avait le réveil difficile, on avait juste à décrocher le téléphone pour prétendre, quand l'employeur était là évidemment, que l'on avait eu beau attendre les transports en commun, rien. Et on retournait se coucher, satisfait du devoir accompli.
A cette époque aussi quelques esprits soupçonneux accusèrent les PDG des entreprises
automobiles de faire eux-
Croûton, lui, déclara que, comme le père de Petite Pervenche, il était pour le CPE. Cet homme était un asocial.
3
"O toi, toi le p'tit mignon tout plein, fleur d'l'éduc, Proviçat frère de Roméo, je gis sur mon lit en relisant tes laîtres folles, ô mon fou, libre dans mes idées tandis que Merlet il me tourne autour l'air soupçonneux. Ah, s'il savait ! Je jouis de toi dans mes pensaies, j'adore ton corps grassouillet, mes fantasmes te suivent comme les poules demandent le coq. Quel amour que le nôtre !"
Quand Merlet eut fini d'écrire il montra à Cléopâtre sortie épuisée et contente de
son émission. "Tu ne devrais pas", dit-
Croûton n'en crut pas ses yeux, Proviçat sans façon débarqua chez lui pour montrer
la missive de l'aimée. Que se passait-
Régulièrement les politiques, les djournalistes, les miss France et les plus penseurs des footballeurs ainsi que des chanteurs et même des acteurs de ciné venaient rappeler aux masses que l'on n'était pas en décadence. Depuis que le prédécesseur de Chosset, le De la gauche Prédissident, s'était fâché rouge en disant qu'il ne voulait plus entendre ce mot, qu'il était le Louis XIV de la République et que si ses électeurs étaient trop cons pour le comprendre au moins qu'ils la ferment, c'était devenu un rituel. Il s'agissait de faire semblant de croire que ne pas et de développer sur le sujet sans rire. Chosset aussi intransigeant que Prédissident, tout en n'étant officiellement pas à gauche, et en fait pas à droite, et même moins à droite que ledit (quand on insinuait qu'il avait bien roulé les électeurs, cela le faisait rire, il prenait le reproche pour un compliment). Le rapport avec les belles lettres chichement citées avant, c'est que l'art, bien loin de disparaître comme dans les périodes noires, s'épanouissait au contraire jusque dans les lieux les plus inattendus; si autrefois Paris était la ville des artistes maintenant France était leur pays. Certes l'art naïf dominait, et même l'art candide, mais c'était merveille de voir à tous les niveaux sociaux tous les gens produire de l'inouï, laissant loin derrière le parapluie et sa table d'opération. Si les temps futurs ont du temps à perdre ils trouveront amplement matière en des recherches sur le nôtre. A défaut qu'ils me fassent confiance et me croient sur parole. Je suis d'une sincérité bien renseignée et peux dire la vérité d'au moins 20 % de la population. Sans failles et sans flatteries.
Certains prétendaient qu'aux Unitaides states c'était pire; pourtant là-
Donc nos gloires épistolaires futures dialoguaient d'amour tendre. Les lettres de part et d'autre étaient recueillies dans de beaux portefeuilles, de marocain blanc pour Merlet, bordeaux pour Proviçat. Mais seul Proviçat embrassait celles qu'il recevait. Croûton soignait le style pour les anthologies futures. Il allait chercher l'inspiration sur la promenade de la mer en regardant courir la blonde aux sourcils d'hirondelle. Elle le regardait en le frôlant et elle devenait énigme. Le rêve de l'entêtée sportive hantait ses lettres à Cléopâtre et il lui échappait parfois des phrases de vraie poésie que Proviçat censurait horrifié constatant que ce type ou sabotait le travail ou était victime d'égarements dramatiques. Il faut une tête solide pour contrôler le petit personnel créatif.
4
Cette année-
Merlet avait fêté l'événement à sa façon, c'est-
Le décolleté de Cléo était plus net en numérique, mais pas plus profond. Le modernisme est décevant.
La pensée est l'honneur des hommes, mais c'est si bon d'être des bêtes.
Au bordel-
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Une agitation cyclonique parcourut la salle. Le croûton se livrait à un acte de torture.
Petite Pervenche, en tant que déléguée, jugea son intervention indispensable :
"Monsieur le Proviseur i a dit com ça : Soyez tranquilles, j'vous f'rai pas mettre en ténique, quoiqu'i dise."
Un brouhaha de satisfaction gonfla, vola, poussa un peu les murs.
"Chouette. Bite. Ah ah ah, dit joyeusement Salope.
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Salope a une mère très active et un papa très tolérant. Elle n'est pas plus bête qu'une oie et par conséquent elle est en classe littéraire. Elle n'a jamais aimé lire parce qu'elle n'a pas eu de bons enseignants. Mais cette petite est courageuse. Elle vient tous les jours à l'école voir les copains. Parfois même ils travaillent ensemble le dimanche.
"Oh, je mouille, répondit-
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Petite Pervenche était légitimement indignée en tant que déléguée. Elle sortit de la salle en claquant la porte et se précipita dans le bureau d'Arzi l'Andouille. Il lisait le local djournal quand entra la mignonne encore verte; il s'intéressa à elle et écouta ses propos; il en référerait à Proviçat, les choses étaient trop graves pour qu'il osât usurper les prérogatives d'intervention du Chef d'établissement; et elle, elle allait bien ? On se fit quelques confidences. Puis elle retourna en classe en déclarant au croûton qu'il ne perdrait rien pour attendre. Non mais !
5
L'armée de défense populaire anti-
Chosset n'était plus celui qu'il avait été. Qui mettre à la place de Vilepinte ? Qui avait assez envie de la place pour se compromettre avec un président sur sa fin ? Quiqui tenait le parti, celui de Chosset devenu le sien, il tenait donc l'élection. Chosset ne pouvait même pas se risquer à une nouvelle candidature. Lui qui avait tant lâché les autres s'indignait d'être lâché. Il voyait partout des ingrats. Il concoctait en sa tête sombre de noires vengeances, projets désormais illusoires.
Vilepinte donc. Et jusqu'au bout. Pour qu'il soit au maximum dans l'incapacité d'agir Quiqui ravivait de temps en temps la plaie Clairestring. Ça faisait mal, c'était bien. Vilepinte clamait son innocence; s'il l'était c'était encore plus utile de raviver. Occupé à se défendre il n'était plus en mesure de penser aux présidentielles.
Du côté socialo on s'activait aussi. Candidate femelle rencontrait de l'opposition
: on avait décidé en haut conseil de faire des primaires; les militants choisiraient
le candidat du parti. Elle se mit aussitôt à renouveler sa garde-
Il y avait trois séances à une télé TNT, la chaîne des putés. Les trois postulants, deux décatis et elle, seraient debout à des pupitres devant deux djournalistes assis, dont une belle fille pour retenir les amateurs. On avait un grand sujet à chaque séance et on parlerait longtemps. C'était une nouvelle ère : la démocratie dans le parti !
Candidate femelle qui en balade sur les ondes, avait flotté sur tous les sujets,
ignorant le nombre de sous-
Ses conseillers lui concoctèrent aussi une série de voyages à l'étranger pour lui
donner une carrure internationale, elle boxerait dans les mi-
C'est ainsi qu'elle découvrit le Liban, Israël, la Chine... La Chine lui plut beaucoup;
les gens sont moins libres que chez nous mais du coup ils emmerdent moins; de temps
en temps les responsables liquident quelques non-
Sur ses déplacements on lui reprocha seulement ses propos. Au Liban elle n'avait
pas condamné le terrorisme, au Maroc l'immigration, en Chine les atteintes aux droits
de l'homme... "Ils pinaillent", dit-
Là était sa grande réponse. Et comme ses propagandistes assimilaient constamment le modernisme et le fait d'élire une femme, toute attaque passait pour du machisme écoeurant. Il fallait parler politique sans aucune agressivité, sinon on était politiquement perdu.
Le bruit se répandit qu'elle projetait au cours des primaires à la première apparence d'ombre de violence verbale des mâles, de fondre en larmes devant les caméras et d'en appeler ensuite à toutes les femmes de France à soutenir l'une des leurs pour en finir avec l'écrasement millénaire, la domination millénaire, l'humiliation millénaire dont elles étaient les victimes. Pour ce elle avait une séance d'entraînement par semaine avec une comédienne célèbre. Car la photo à la une de tous les quotidiens devrait en même temps montrer sa dignité, la montrer comme une évidence pour la haute fonction présidentielle.
Vrai ou faux, en tout cas, les concurrents choisirent d'être angéliques aux primaires. Tout le monde s'endormit devant et elle fut déclarée victorieuse à une écrasante majorité.
Les observateurs pobliloustics déclarèrent qu'elle n'avait toujours pas de programme;
elle répliqua avec justesse que ses opposants n'en avaient pas eu non plus. Et c'est
pour cela qu'ils n'avaient pas gagné. Elle rappela ensuite qu'elle était une femme.
Car les bigleux votent. Les mêmes observateurs notèrent encore que les éléphants
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Et Jozin ? Qu'allait faire Jozin ?
6
Le froid a saisi la mer, elle transporte sur le dos de ses vaguelettes des crêtes
de glace qui éblouissent au soleil. Les poissons ne sortent plus. Les derniers pêcheurs
tremblent de prendre un bain. Sur les longues plages désertes où crottent les chiens,
des désespérés s'aventurent parfois jusqu'au bord, torturés dans leur solitude aux
murs faits de bruits de voiture incessants dus à la quasi-
Notre ville est un passage pour ceux qui habitent à droite et vont travailler à gauche; inversement aussi. Il serait plus simple d'habiter à droite quand on travaille à droite, mais on loue, on achète, où l'on trouve. Merlet préfère construire des voies supplémentaires un peu partout plutôt que chercher des solutions. Réfléchir n'a jamais été son fort et si le bruit constant des véhicules gâche des vies, pas la sienne en tout cas, il a les moyens du silence.
Notre tramway fonctionnera un an plus tard que prévu, sa construction aura duré plus
longtemps qu'ailleurs, des riverains protestent. Ils agacent Lion-
Il est persuadé qu'il sera réélu.
Nona, l'illustre concurrent, fait régulièrement le point avec la presse qui lui envoie
une journaliste émérite (sa petite-
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La presse convaincue publiait pourtant rarement car le directeur de la publication ménageait l'un et ménageait l'autre, les électeurs ayant l'habitude de faire n'importe quoi, il faut se méfier d'eux.
Lion-
Ce fut une belle journée car désormais c'était comme si la petite main de Quiqui
était au-
Les grands acteurs du grand chantier stupéfaits reçurent des injonctions et, comme
ils renâclaient objectant qu'ils étaient très occupés ailleurs, les avocats de la
mairie agirent sur ordre-
Nona expédia aux organes de presse des communiqués pour signaler que le prochain maire c'était toujours lui et que le Merlet pas fort était en outre opportuniste. On ne publia pas.
La mer se réchauffa un peu et supprima une crête de glace sur deux.
7
Après le retour des pavés, le retour des bicyclettes, le retour des tramways (en
réalisation), le retour de l'ordre dans les banlieues (en attente) et le retour au
plein-
L'électeur est flatté quand on lui explique qu'il pense, il est nécessaire de lui fournir son avoine.
Alors dans un grand élan gauche-
Quiqui glorifia le noble passé et fit la nique à Chosset fanatique des demandes de
pardon tout partout. Il fallait assumer la tête haute la grandeur et la décadence
de l'empire français afin de repartir avec Attiléon vers des cimes nouvelles. Mais
Candidate femelle ne voulut pas être en reste et en fin de mitingue la gauche se
mit à chanter la Marseillaise. C'était une révolution. Les autres têtes du socialo-
L'Extrême fut très fâché. On lui volait sa chanson. On lui volait ses valeurs. On
lui volait son programme. On lui volait jusqu'à ses discours de ses campagnes précédentes
! Il devrait tout de même y avoir des limites au plagiat ! Même en politique ! Un
comble : Quiqui déclara officiellement qu'il voulait lui voler ses électeurs. Interrogée
sur cette dérive du toujours ministre de l'Intérieur vers l'électorat ultra, Candidate
femelle répliqua : "J'en veux aussi, y a pas d'raison. En tant que femme j'ai droit
à la parité." Les à-
Jusque là les voix de l'Extrême étaient selon Chosset nauséabondes, celles des strotskistes etc ne l'étaient pas; les voix tout à droite n'étaient pas comptées, il s'agissait (déclaration chossétienne de mars 200.) de citoyens de seconde zone. Ceux qui avaient voulu en tenir compte avaient vu leurs carrières politiques impitoyablement brisées par Chosset qui ne pouvait être réélu qu'en isolant les électeurs de droite hostiles à sa corruption afin de charmer les centristes, conciliants par nature.
Les intouchables, stupéfaits, se voyaient réintégrés dans le droit de vote.
Etre fidèle à la France, à ses valeurs, à son passé, n'était plus un crime qui vous faisait traiter de fasciste, de nazi. L'immigration insensée fut remise en cause par Quiqui; sa concurrente battit de l'aile un certain temps, tiraillée entre les fanatiques qui avaient multiplié les filières d'entrée illégale et les inquiets après la guerre des banlieues, mais finalement elle s'adapta et se prononça pour une immigration mesurée face à l'immigration choisie du ministre dont elle dénonça le caractère inquiétant.
Pour l'Europe, l'un et l'autre étaient européens sans vouloir livrer les clefs de France comme Chosset toujours prêt à tout donner et à demander pardon en plus, alors grand sourire tout content.
L'Extrême ironisa en disant qu'on lui volait son Europe des nations. Les deux autres s'y empressèrent.
Devant tant d'effrayantes nouveautés on comprend la perplexité de notre Proviçat. Cette femme qui représentait son parti lui paraissait une irresponsable qui, par exemple, ne comprenait pas que le pays pour devenir plus pluriethnique, plus multiculturel devait importer plus d'arabislams; elle ne disait même pas qu'il fallait payer des mosquées et démolir ces saloperies d'églises de cathos; elle n'avait pas de programme ! Pour l'éduc, elle voulait un aménagement de la carte scolaire (que Quiqui voulait supprimer) si pratique pour qu'il puisse former le jeune nouveau, le socialiste nouveau, l'homme nouveau sans que les parents y puissent rien puisqu'ils n'avaient pas le droit d'envoyer leurs enfants ailleurs. Elle était folle, la mémère !
Jozin ! O Jozin, pourquoi te tais-
De l'île du Roué seul un grognement lui parvint.
Face à cette évolution, le centriste Bêgroux se dit qu'il avait des amis dans le journalisme. Ancien micuistre d'l'éduc quatre années merveilleuses pour lui et les gogoches, il était connu pour n'avoir obstinément rien fait. Rien. Il en déduisait premièrement que personne n'avait rien à lui reprocher, deuxièmement que les socialos qui avaient si bien pu se distribuer les places sous son ministorat et multiplier les pires élucubrations baptisées "expériences pédagogiques" non seulement sans être sanctionnés mais en bénéficiant ipso facto de belles promotions devant ceux qui faisaient réellement le travail, que ces socialos donc, inquiets des projetsprojets de Mémère, voteraient pour lui.
Les sondeurs ne lui donnèrent pas tort. Chosset l'encouragea en cachette. Les chaînes TV amies multiplièrent les reportages bienveillants. Avec tant d'appuis, les uns hostiles à Quiqui, les autres hostiles à Candidate femelle, il commença à grimper, péniblement, dans les pourcentages d'intentions de vote.
Les p'tits can'dats aussi, oui, ils avaient des programmes. Plus cohérents d'ailleurs. Le côté rationnel inquiétait. Des gens si convaincus, s'ils arrivaient au pouvoir, ne transigeraient jamais. Ils réaliseraient. Coûte que coûte. Aïe aïe aïe. Ils vous répondraient qu'il faut souffrir pour avoir une belle humanité... Tu parles... Avec le candidats des partis à putés, on est tranquille, ils ne seraient pas arrivés à la tête de ceux prêts à tout pour être réélus sans être les meilleurs en ce domaine. C'étaient de vrais républicains.
8
Ce jour croûton en avait marre de la connerie Proviçat. Dans le brouhaha calculé
par les futurs bacheliers-
Au lieu de s'excuser du mal qu'elle faisait, la gosse sûre de la corruption de ceux qui l'avaient corrompue, alla se plaindre. A la fin du cours les autres apprenant qu'il y avait des mentions au Bac à gagner allèrent à la demande de Brouboulle l'aider en se plaignant qu'un prof veuille faire des cours véritables au lieu de faire du Meumeu et ait mis à la porte une élève qui avait le courage de s'y opposer.
Brouboulle nageait dans le bonheur. Il se précipita à la fin du cours suivant de
croûton pour l'insulter, lui dire qu'il avait commis un forfait, que son Proviçat
allait faire un rapport sur lui (à sa manière), qu'il passerait devant une commission
disciplinaire... Croûton répliqua violemment à l'imbécile qu'il n'y avait rien et
qu'il perdrait son temps. La suite vérifia son affirmation. Mais Brouboulle n'était
pas capable de voir si loin. Il était ivre de joie. Il tenait, croyait-
P'tite Pervenche se prenait pour l'héroïne du bordel-
La lâcheté et l'idéologie s'unirent dans les têtes calibre moyen des collègues et
croûton fut seul parce que dans un bordel-
Les parents de drouète, majoritaires, firent comme croûton, ils haussèrent les épaules devant la nouvelle sottise de Proviçat. Mais à trop hausser les épaules au lieu de régler un problème on finit pas laisser faire n'importe quoi. Déjà à cause de la carte scolaire ils étaient obligés de livrer leur progéniture à un fada de gauche, et pour éviter des représailles sur ladite progéniture ils s'étaient petit à petit abstenus de toute critique ou opposition directe, en plus ils laissaient nuire à ceux qui pensaient comme eux, qui sauvaient ladite d'une ignorance crasse. Ils étaient habitués à laisser faire. C'est qu'ils avaient été trompés par Chosset aux discours de droite pour être élu et pragmatique une fois élu : pour que ces gauchistes ne bloquent pas l'école et ne fassent pas descendre les mineurs dans la rue, on laisse l'école aux gauchistes. Les micuistres choisis avaient joyeusement accepté les oeillères pour avoir le bon poste.
Les plus petites choses ne sont pas sans rapport avec les grandes. Les légèretés
d'en-
On appris à cette époque que le PDG de la Firme d'aviation franco-
Croûton ne prit même pas un jour de congé sous un prétexte quelconque; le lendemain du coup monté, il était là. A l'heure.
9
Lola avait fait une rafle de putes au bord de notre mer. C'est que l'on en a encore trouvé une assassinée sur les galets de la plage l'autre jour. On leur en voulait de se faire assassiner là. Surtout que beaucoup venaient de pays lointains, elles auraient pu faire ça chez elles. Notre journal estimait devoir publier ce genre d'événements, cela ne rendait pourtant service à personne; et des lecteurs l'été suivant ne voulaient plus venir à cet endroit comme s'il appartenait définitivement à la morte; étant donné qu'il en meurt chaque année, pour certains ça en fait des endroits tabous. Heureusement que les touristes n'ont pas lu notre journal.
Lola n'a toujours pas été nommée Chef de notre police. Elle en remplit les fonctions
pour ainsi dire bénévolement. Il y a des protestations. Quiqui sur son bureau de
l'Intérieur avait trouvé une pétition anti-
L'opération s'est déroulée en pleine nuit, elle n'a gêné personne, on a arrêté aussi des sortes de surveillants de l'organisation qui fait tourner les filles d'une ville à l'autre, d'un pays à l'autre de l'Union européenne; comme l'avait annoncé Chosset la suppression des frontières a permis de développer des entreprises et de multiplier les profits; tout le monde ne profite pas du système, bien sûr.
Ces surveillants ont protesté, de toute façon aujourd'hui tout le monde proteste
en permanence et sur tout. Ils estimaient qu'un meurtre prouvait certes de leur part
une négligence mais ne remettait pas en cause l'utilité de leur profession; au contraire;
pour un meurtre commis, combien en avaient-
Les prostituées parlaient peu; il faut dire que les quelques phrases en français
qu'on leur avait apprises ne trouvaient pas vraiment leur usage dans un commissariat
convenable. La Flicaille, chargé de leur interrogatoire en tant que père d'une famille
nombreuse et client régulier, c'est-
Merlet à un conseil de la mairie fit une intervention remarquée par les plus éveillés,
il causa sur la rafle, brillamment paraît-
L'entreprise illicite engendre de vastes réseaux de profiteurs indirects légaux. Quand nous pesons le pour, ah ah, et le contre, aïe, n'oublions pas le bandeau.
Bref, en fin politique, il était : un, pour Quiqui; deux, pour la morale; trois, pour l'action policière; quatre, pour le bon fonctionnement de l'économie de sa ville.
"D'ailleurs", ajouta-
Sur ce il alla écrire une belle lettre à Proviçat :
"O chéri, comme j'ai frémi en pensant à la malheureuse et à toi. Ta dernière lettre
menaçait de m'immoler des femmes ordinaires comme à une déesse. Est-
Merlet relut (quand même) et fut satisfait. Il ne croyait pas du tout en la culpabilité de Proviçat mais il voyait là une possibilité d'obtenir une réponse compromettante.
Proviçat plongé dans le ravissement de la lecture, à demi allongé sur le sofa violet de sa chambre seigneuriale, pâlissait de bonheur et d'angoisse. Oh oui, aimée, j'aurais voulu l'avoir fait pour toi, mais c'est dur de penser et de réaliser, et puis il y a les conséquences. Répondre. Répondre tout de suite pour lever les doutes.
Il se précipita chez croûton mais celui-
Alors il décida d'écrire lui-
Il pouvait faire aussi bien que le croûton ! Et puis il avait ses beaux modèles, il avait gardé tous les brouillons qu'il avait dû recopier.
Revenu dans le secret de sa chambre, sur son sofa violet, il passa la nuit sans même songer à fermer un oeil et il ratura, réitéra, pensa à téléphoner tout simplement, trouva, calligraphia :
"Oh, ma" ...
Et sa plume stoppa.
Aucune encre ne la fit repartir.
Que faire ?
Pauvre Proviçat.
Inutile de compter sur les profs d'laîtres, braves p'tites femmes et maîtresses bonnes à autre chose, inutile de compter sur le parti... Le mauvais croûton avait trahi la cause de l'amour, on lui f'rait payer. Il est vrai que l'on ne pouvait guère faire pire que ce que l'on avait fait.
... ?
... ?
Il fallait réunir un comité scientifique consultatif.
Evidemment.
Les meilleurs de l'établissement vinrent sur-
La réunion de travail fut intense. Proviçat exposa la problème en quelques mots émouvants et tout le monde convint que croûton décidément était un beau salaud. Ensuite on passa à la recherche. L'évolution de l'humanité dépend du développement de la recherche. Profmat demanda tailles, poids, longueurs des nez etc et conjectura avec des x pour les vides; profphisi demanda dates de naissances et calcula l'horoscope de l'amour; profnat calcula le meilleur moment pour les meilleurs rapports; profhist chercha comment avaient procédé les grands rois précédents. Le fruit de ces travaux scientifiques fut une lettre; la voici :
"Salut, ô. Proviçat soleil à lune Cléopâtre. Nous sommes faits l'un pour l'autre le mardi 4 avril entre 4 h 10 et 4 h 55. On aura l'temps. Nos signes se chevaucheront en orgasmes versaillais. Pour la pute tuée, ce pas triste car elle été heurheuse de tuées être pour toâ. La mise en facteur commun de notre énergie multipliée par notre masse engendrera de l'amour à ma puissance 10. Tant pis pour la Montespan. Mets tes cheveux en chignon pour dégager ta jolie nuque. T'es une vraie bête en rut, j'aimerais être au zoo avec toi. Dans la même cage, bien sûr. Je t'en tuerai d'autres pour te les offrir. Il y a aussi le 6 juin de 18 h 10 à 18 h 12. Mais c'est la période des élections, j'aurai pas l'temps. Ta bite sans faille,
ton Proviçat,
Proviçat IV du bordel-
Quand Merlet lut, il fut ravi; un peu amusé aussi, il n'aurait jamais cru que l'amour puisse ainsi amener l'homme à se transcender. Que c'était beau. La vie même dans ses aspirations les plus grandes vibrait sur ce papier. Songeur il alla le montrer à Cléo qui en conçut presque de nymphomanes pensées.
10
Vilepinte se rongeait. Il voyait le Quiqui courir. Et Chosset, son cher tonton flingueur
en était à craindre pour sa vie. Le destin les avait laissé tomber. L'absence de
parti à sa botte est un anti-
Histoire de prouver qu'il était un bon Premier, il fit publier des statistiques sur
le chômage où tout était excellent : le taux de recul, le taux de résistance, les
sous-
Mais le temps de la planète n'était pas bon. Il chutait des nuages entiers en des lieux paisibles, des torrents de boue s'infiltraient dans les cuisines, la grêle était composée d'oeufs de pigeon, des tornades venaient vous voler votre toit profitant de votre sommeil... comment, dans ces conditions, croire à une éclaircie si le soleil n'était pas à la tête du pays ? Ses chiffres il aurait mieux fait de les garder, on n'en voulait pas. Ils avaient un air de bons résultats d'après l'élection de Quiqui, ils en devenaient suspects avant.
Celui-
Candidate femelle, qui croyait toujours en elle-
Jozin trouvait qu'elle n'avait pas la mesure et il sortit de l'île du Roué. Concubin
de Candidate femelle l'y aurait poussé. Selon des confidents il y eut une dispute
conjugale au sommet. De gros mots furent prononcés. Des menaces furent proférées.
Il y aurait eu aussi une assistante blonde de Concubin qui aurait été une sorte de
tentation de sortir de la droite ligne du concubinage. Quiqui constata avec plaisir
que chez les autres ça n'allait pas mieux que chez lui; finalement ne pas se marier
n'était pas une solution. Lui de l'Intérieur faisait surveiller Femme vingt-
Jozin constata un manque de soutien dans sa tentative de sauvetage du socialo-
L'Elusé est un beau palais. On y mange bien et il y a des dorures. Les tapis sont rouges. Les meubles, les objets ne peuvent pas être emportés quand on perd la place, ils retournent dans les caves du Mobilier national ou servent l'infâme successeur.
Chosset ressassait. Il avait toujours eu de la chance. Il avait été élu et réélu quand nul ne le croyait. Alors... une fois de plus ? Même sans son parti, avec la chance... Et ainsi barrer la route au petit traître; c'est lui qui lui avait mis le pied à l'étrier, sa femme avait reçu à ses côtés le couple infâme et au lieu de déborder de reconnaissance humble et servile, l'homme lui avait piqué ses bottes. Il franchissait sept lieues à chaque pas et Chosset restait cloué là. Et en plus l'autre il courait. Tout le temps. Sans parapluie. Décidément, annoncer, au bon moment, sa candidature, après avoir joué du doute, de l'attente grâce à la presse...
Mais la presse libre de droite avait, perchés sur sa tête aveugle, des cornacs milliardaires amis du Futur. Ils pariaient sur lui et gagneraient gros. Les temps n'étaient pas difficiles pour tout le monde. Ils l'étaient seulement pour les pauvres; les pauvres sont toujours les mêmes parce que la stabilité les rassure. Chosset savait bien rassurer.
11
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Petite Pervenche n'en revenait pas qu'il soit encore là. Elle l'avait dit à Proviçat lors d'une très récente réunion au sommet. Le croûton il était pas croyable. Tous les élèves pourtant avaient bien travaillé, ils avaient saboté systématiquement les travaux divers, appliqué les meilleures méthodes de déstabilisation enseignées par les amis des jeunes, rien appris au nom de la liberté d'expression, rien écouté au nom des techniques môôôdernes de pédagoglie, rien écrit pas qu'i changent les temps, main'nant on a le t'lephone.
Croûton s'en fichait. Il se fichait de con-
Proviçat entra en action.
Appuyé sur sa gauche par CPE, un fidèle de la conquête du pouvoir gaucho en lycée, qu'il avait tenu à avoir ici auprès de lui, sur sa droite par l'Arzi, trois pas derrière Bizi l'oie et la Catleen, avec un dico et une grammaire, il barra le chemin à l'homme de drouète qui sortait d'un cours dans lequel il avait chahuté les élèves.
-
Applaudissements discrets de Bizi l'oie qui avait trouvé la citation.
-
Le choeur de l'Arzi, CPE, Bizi et la Catleen reprit : "T'es foutu, l'croûton !"
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-
Croûton leva son sourcil glacé croûtonique et déclara :
"On dit : dehors. Il y a un e."
Proviçat pâlit :
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Proviçat ne se démonta pas :
-
La Catleen dans un silence effrayant de silence sortit d'entre ses seins un stylo rouge et... raya le e félon.
Un ouah de triomphe jaillit des quatre poitrines des soutiens du grand progressiste.
-
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Un nouveau silence submergea de sa vague les forces de progrès agressées par la Réaction :
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Elle tourna les pages de la grammemère, elle disait : "Où ? Mais où ?"
Croûton donna une indication : "Dans la table des matières. Au mot "négation" par exemple."
Bizi l'oie n'hésita pas à profiter du renseignement. Elle oeuvra avec une admirable dextérité, trouva, déchiffra laborieusement, puis lut le passage d'une haute voix tremblante.
-
-
Il y eut une hésitation dans les forces de progrès. Et puis le progrès l'emporta.
La Catleen ressortit son stylo rouge d'entre ses seins, le prêta à la Bizi, qui,
un bref instant le tint suspendu au-
Les applaudissements éclatèrent autour du grand Proviçat.
-
Et il se retira avec ses troupes au son des trompettes de la gloire.
III Futur croise les doigts
1
Les TV et les radios bruissèrent, on chuchotait derrière les micros mais à l'ouïe
sabotée par la mjusic quicaine des auditeurs parvint néanmoins un nom : Chosset.
Qu'est-
Chosset était à l'hôpital, une attaque cérébrale l'avait plaqué au sol, il avait perdu connaissance, on l'avait emporté d'urgence, on lui faisait passer des examens, il avait repris connaissance, il parlait presque normalement, il serait bientôt sur pied, il prenait bien ses médicaments, il recevait le Premier ministre, il se reposait, il se levait, il marchait, il parlait, il pensait.
Tout le petit monde poliloustic prit la face triste et fit des déclarations d'enterrement prématuré. Quiqui évoqua les bons moments rares, Candidate femelle se souvint qu'avec lui on se marrait en conseil des ministres. Ceux qui ne le connaissaient quasiment pas se vengèrent de ses dédains en parlant plus que les autres.
Le peuple de France n'eut pas droit aux paris d'argent sur "Va crever l'vieux", "Va finir sur des roulettes", "Va pas s'en déb'rasser", il pariait néanmoins par liberté d'opinion.
La presse entreprit de rassurer les foules laborieuses qui n'étaient pas inquiètes. La tâche était délicate. Mais notre presse libre ne recule devant rien. Des émissions spéciales sur la glorieuse carrière du Grand Président pleuvaient dans les postes et en plus elles utilisaient l'argent de la Redevance qui doit servir à créer des téléfilms, du nouveau, or on servait du réchauffé rassi. Personne n'était content mais Radio TV s'en fout, l'argent vient de l'état et des PDG des Grandes Entreprises : on ménage le propriétaire pas les citrons.
Dans le monde il ne se passait rien parce que les journalistes étaient regroupés devant l'hôpital.
Le public fut déçu car aucun drame n'avait lieu. On s'ennuyait. Des gens qui sont emmenés à l'hôpital sous les sirènes il y en a chaque seconde, seuls ceux qui ont du pouvoir embêtent leurs concitoyens sur les ondes.
La seule chose sûre c'est qu'enfin il ne se représentera pas; l'argument même non-
Un qui ne lâcha pas un mot gentil fut le grand garçon maigre aux yeux brûlants désigné
comme prochain Premier ministre par Quiqui. Quand il serait P'tit Louis XXV ème,
il le placerait à sa droite. C'est qu'il lui devait la mainmise sur le parti de Chosset
et qu'il fallait la garder. La carrière du Bras droit était déjà longue, avec plusieurs
ministères; mais du dernier, il avait été chassé. Par Chosset, lâcheur ! menteur
! Et par le Vilepinte, salaud ! saligaud ! Voilà ce qui s'était passé. Il était micuistre
d'l'éduc, tranquille et tranquille. Chosset pour faire bien devant l'électorat exigea
des réformes. Et lui... il le crut ! Absolument. Il avait pourtant derrière lui des
années de politique... Alors il se fit détester par la réforme des retraites de l'enseignement
en allongeant de cinq ans le travail des travailleurs. Chosset fut ravi et se débarrassa
de cet inconscient haï au premier remaniement. Vilepinte lui annonça la sentence
avec sa désinvolture souriante et se crut quitte. La rancune mordait le coeur tendre
de Flonflon. Il avait été trahi ! Trahi par les siens qu'il aimait tant. Le Père
l'avait rejeté alors qu'il avait tout accompli pour lui plaire. L'hydre Vilepinte
avait craché du feu sur lui, l'avait brûlé à un degré qui en enverrait un autre à
l'hôpital, puis à la morgue. Mais le héros, seul, soigna ses blessures; il hurla
dans la nuit; il reparut devant les médias et il dit froidement, se contrôlant parfaitement
: "Vengeance." Et il ajouta après un silence : "La trahison de Chosset a fait de
moi le directeur de campagne de Quiqui." Lequel se souvenait des accusations de trahison
de Chosset à son égard lorsqu'il lui avait préféré un concurrent pour la pézidentielle
d'il y avait douze ans déjà. Les temps du sablier Chosset finissaient de couler.
L'accusateur devenait l'accusé. Etait-
2
En ces heures noires pour tant de travailleurs français jetés à la rue pour délocaliser
en Chine, façon des hauts responsables d'aider les pays en développement (en faisant
fructifier leurs propres finances), les petits, lassés de payer le prix fort pour
la géniale politique de mondialisation, se révoltaient parfois en jacqueries désespérées.
Mais le syndicalisme s'avérait utile pour les maîtriser; nombre de ses dirigeants,
idéologiquement anti-
Néanmoins sous Chosset si généreux envers le tiers-
Devant le danger, Chosset avait trouvé... un discours. L'actionnariat patriotique. Que les grandes entreprises françaises (plus ou moins) restent françaises. On n'avait plus l'acier, on n'avait plus l'aluminium, on n'avait plus... sauvons le yaourt et les boissons gazeuses !
Une grande campagne-
Pour alléger le chômage, il en fit alléger les chiffres. Il avait remarqué, le subtil,
qu'il suffisait que quelqu'un n'ait pas de travail pour qu'on le déclare chômeur.
Or, pourquoi compter ceux qui recevaient l'aumône capitaliste sous une forme ou une
autre ? pourquoi compter les découragés qui ne se manifestaient même plus dans les
Agences pour l'emploi ? pourquoi compter ... ? Le chômage commença de baisser fortement
quoique les chômeurs augmentent peut-
Les patrons-
"Poquâ paaas ?" s'indignait Proviçat. "Est bien, ici, tout bien." Il admirait son oeuvre et ne comprenait pas (comme eux en somme) que l'on ne reconnût pas ses hautes capacités exceptionnelles.
Prenez l'intégration pluriethnique multiculturelle, les patrons y oeuvraient en donnant
notre travail là-
La campagne présidentielle officielle commençait. Quinze jours avant le vote. On ne remarquait même pas son début car elle ne marquait que la fin de la vraie.
Toutefois à la télé il y avait des spots publicitaires pour chaque candidat, payés
par le contribuable; si on était devant le poste au bon moment on s'apercevait donc
que c'était désormais officiel. Les candidats n'avaient sans doute jamais autant
souri de leur vie. Tous ne le faisaient pas avec naturel. Ils s'étaient entraînés
devant des glaces, bien sûr, certains avec des acteurs professionnels pour les mimiques,
les gestes, la diction, l'expressivité -
3
Proviçat lisait les sondages avec inquiétude. Il avait fini par soutenir Candidate femelle à cause de l'intérêt supérieur du parti. Mais une grosse angoisse rongeait son petit coeur. La drouète... la drouète serait encore au pouvoir ! Et alors ... alors elle l'empêcherait p'tête de poursuivre ici les grandes réfaurmes qui sauveraient le monde. Qui le sauveraient du capitalisme, du nationalisme, du patriotisme, de l'individualisme...
Il était allé à un mitingue de Candidate femelle pour soutenir cette candidature
par sa haute présence. On ne lui avait pas demandé de discours, ce qui déjà laissait
un doute sur les projets socialistes de la concubine, mais surtout, à la fin, elle
entonna un chant barbare... Proviçat ne reconnut pas tout de suite... les autres
s'étaient mis à chanter aussi... il reconnut le chant national contre lequel il avait
tant ironisé... il était allé applaudir ceux qui en avaient modifié la musique...
il était allé applaudir ceux qui en avaient changé les paroles... et là, elle, qu'il
soutenait, elle, oui, la chantait ! Cauchemar de Proviçat : les paroles "ils viennent
jusque dans nos bras" évoquaient les bons petits immigrés que l'on rejetait : Marchons
! Marchons !" et que l'on voulait tuer parce que quelques-
Il restait assis, les autres debout; les lèvres serrées, pincées, les mâchoires contractées
par la souffrance d'ouïr blasphémer contre les vraies valeurs qu'il représentait.
O Jozin ! pourquoi n'as-
Celui-
L'Extrême répondait seulement qu'il ne croyait pas en Quiqui, celui-
Quiqui, un jour, prononçait un discours de l'Extrême, un jour prononçait un discours de Jaurès... il finit même par dire du bien de Chosset, il ne reculait devant rien.
"Je ne vous trahirai pas" : c'étaient son leitmotiv. Il répétait la belle phrase
inlassablement. Mais qui était le "vous" ? Parmi les électeurs parfaitement incompatibles
qu'il voulait séduire, chacun comprenait qu'il s'agissait de lui et ses amis directs.
P'tit Louis aimait tout le monde, tous ceux qui voteraient pour lui. Mais qu'aurait-
Proviçat devant le danger des urnes décida d'agir. Il fallait atomiser le croûton
avant les élections car ce ne serait peut-
Elle fit sa prière à Candidate femelle, leva la tête : l'étoile-
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En choeur :
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4
Les élèves avaient reçu les consignes. Petite Pervenche avait organisé la réunion,
l'Arzi était venu annoncer la venue de Proviçat, lequel auréolé du proche succès
avait tenu un véritable discours électoral enflammé qu'il avait conclu par "Vive
Jozin !" Il s'était trompé d'élection. Pas grave. Dans cette classe de 1re il n'y
avait que six élèves de plus de dix-
Cauchemardez qu'un brave p'tit gars du bordel-
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Heureusement on allait enfin en terminer avec l'anomalie culturelle qu'il représentait, d'ailleurs les sondages le disaient, l'électorat tout à drouète s'effondrait.
Proviçat conduisit la Liaunyaise à la classe de l'exécution du croûton. Il fit entrer
les élèves présents et attendit les autres pour leur glisser un petit mot d'encouragement,
beaucoup étaient en retard parce qu'ils étaient sûrs que croûton ne pourrait pas
les disputer ce jour-
Croûton arriva, s'installa au bureau sans tenir compte de personne, redescendit de
la chaire pour aller fermer la porte, Proviçat devant à attendre les derniers élèves
qui à leur arrivée hilares eurent droit à la remarque habituelle de croûton additionnée
d'une autre sur le bordel dans ce licé dû à Proviçat -
La Liaunyaise vint devant le bureau d'un air important mais il ne la regarda pas. Elle était indignée. Elle échappait pourtant ainsi à la gifle, il s'était promis de ne pas traiter les oies comme il l'aurait dû et de rester patient. Elle put s'emparer du cahier de textes et se replier au fond de la classe où prise d'une crainte sur sa mission elle ne releva plus la tête. Elle compulsait nerveusement le cahier et constatait qu'elle ne connaissait rien de ce qui était enseigné ici. Elle eut peur qu'il lui posât brusquement une question, un abîme s'ouvrit et lui fit un clin d'oeil.
Croûton rendait des devoirs. Personne ne s'y attendait, il aurait dû les rendre trois
jours plus tard. Il utilisait froidement la présence de la Liaunyaise pour donner
du poids à ses félicitations à quelques-
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Le croûton posa quelques questions auxquelles personne ne répondit. Il s'y attendait. Ceux qui répondaient d'habitude n'osaient pas. L'Arzi et Petite Pervenche avaient été nets sur les représailles. Le croûton n'était pas gêné par si peu. Il mena son cours de bout en bout à sa guise, épingla au passage l'incurie de Proviçat, ce que la Liaunyaise n'entendit pas, le désastre créé par Meumeu et par les socialos qui tenaient l'école par leurs inspecteurs, ce que la Liaunyaise n'entendit pas, le tout ponctué par quelques "Bite", "Aaaaah" etc de Salope pâmée de surprise en surprise. Les copies rendues avec commentaire à chacun, les sujets corrigés, le croûton renvoya tout le monde comme la sonnerie retentissait.
Le voyant partir la Liaunyaise s'approcha d'un air important et dit qu'elle allait l'attendre dans le bureau de Proviçat.
Croûton se demanda s'il n'avait pas vu assez d'oies pour la journée. Pour que l'on
ne puisse pas prétendre qu'il se défilait, il s'y rendit néanmoins. Là, Proviçat
avait dû laisser son veau bureau un instant à l'étrangère mais son utilité au service
de friance était telle qu'il ne reculait devant aucun sacrifice; la Liaunyaise voulut
faire un compte rendu de ce qu'elle n'avait pas écouté, selon les directives de Proviçat.
Le croûton lui coupa la parole et lui dit qu'elle racontait n'importe quoi. Indignée
la Liaunyaise ! Elle avait la feuille écrite par Proviçat avec tout ce qu'elle devait
dire devant elle ! Elle savait lire quand même ! Alors croûton lui fit carrément
la leçon sur ses devoirs, sur ce qu'elle aurait dû dire si au lieu de connaître les
livres de Meumeu, l'instit gaucho-
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5
C'était le dimanche du premier tour de l'élection présidentielle. Celui où on vire les animateurs, les rigolos et les naïfs. Ensuite restent ceux qui ont à la fois l'argent et le parti.
Le temps ni beau ni moche permit une participation exceptionnelle.
Comme la publication des sondages était interdite les derniers jours mais pas les sondages, beaucoup connaissaient les résultats par l'internet étranger, mais on tenait à confirmer les résultats de ses sondeurs préférés : quand ils avaient bien créé des coups, des montées, des chutes pendant des mois, offrant ainsi une distraction permanente en plus du foot et du loto, on leur avait une petite reconnaissance; c'étaient de braves cons qui ne savaient pas quoi inventer pour nous faire plaisir.
Les résultats enfin. Personne ne fut surpris. En réalité c'était encore des résultats
de sondeurs mais ceux-
Donc Quiqui en tête, Candidate femelle en deux, le centriste opportuniste en trois, l'Extrême en quatre alors qu'il était allé en finale la fois précédente, et des miettes pour les tout p'tits. Il s'agissait surtout de se servir de l'effondrement de l'Extrême, de 18 % à 10 %, pour le papotage politologue : des évidences, donc vues de tous, étaient proférées par des spécialistes, des penseurs de la politique, des intellos, avec gravité, si bien que l'on se rendait enfin compte combien on était intelligent.
L'Extrême avait baissé, chuté, s'était cassé gueule, était baisé, éliminé, avait
capoté, avait rétréci au lavage quiqui, il était vieux, caduc, décrépit, il n'était
plus lui-
Comme ça toute la soirée sur toutes les chaînes. On parlait aussi un peu du centriste opportuniste, un ancien ministre d'l'éduc de Chosset pour qui on avait créé l'expression de "ministre fainéant" sur le modèle de "roi fainéant", quatre ans à l'éduc sans rien foutre, maintenu là par Chosset pour cette raison d'ailleurs, pas d'agression sur le territoire socialo, que les gauchos y fassent ce qu'ils veulent, interdiction de les déranger. Eh bien il était riche maintenant, il avait des chevaux, il bénéficiait du flou du programme socialiste et il trouvait des électeurs déçus par la gauche, inquiets de l'activisme de Quiqui. Ces gens devaient vraiment être des désespérés pour s'être résolus à voter pour lui.
Quiqui fit un discours joyeux, Candidate femelle aussi : il n'y avait pas de raison, ce n'est pas parce qu'elle était arrivée seconde qu'elle allait se laisser priver de la victoire. Même l'Extrême parut de bonne humeur, pour cacher des larmes sans doute. Le centriste opportuniste n'invita pas ses électeurs à voter pour Quiqui, il était mauvais perdant le richard du centre, le richard Extrême avait plus d'estomac.
Enfin, on avait bien pique-
Le lendemain on retrouva son travail ou son chômage avec moins de déprime. Les sondeurs sondèrent pour le deuxième tour : Quiqui serai Louis. On avait quinze jours pour s'y habituer. Mais Candidate femelle ne voulait même pas essayer. Elle disait qu'elle était une femme et donc qu'elle devait être élue. Concubin avait beau essayer de la raisonner, elle s'obstinait à dire bonjour à tout le monde.
Il y aurait bientôt le grand débat entre les deux rescapés des urnes. Elle s'y préparait en apprenant par coeur des tas de notes sur tous les sujets rédigées par tous les meilleurs spécialistes du parti. La fois précédente le débat n'avait pas eu lieu, Chosset ne faisait pas le poids contre l'Extrême étant donné toutes les casseroles qu'il traînait joyeusement depuis sept ans déjà à l'Elusé, son seul risque de ne pas être réélu petzident était le débat; alors, avec sa désinvolture pragmatique habituelle il le supprima.
Mais là on aurait la distraction. Les candidats auraient très peur de passer l'oral
devant nous, on ne serait pas sévères s'ils jouaient bien, s'ils y mettaient du leur,
mais on voulait de l'agressivité non agressive, des échanges vifs sans exagération,
des variations de rythme, des gros plans qui feraient date sans être négatifs ni
trop positifs, des questions qui seraient précises avec l'imprécision indispensable,
des sujets tous abordés dans leurs aspects les plus techniques sans développement
technique, un face-
Le choix des journalistes était donc important, on prit deux vieux qui savaient des trucs et on parla surtout de la table, comme d'habitude.
6
Lola secoua sa chevelure rousse, elle n'était pas d'accord, elle ne voulait pas.
Notre Chef de la police insistait lourdement, à ses risques et périls. Les ordres,
il est vrai, descendaient de l'Olympe parigot; le remplaçant de Quiqui à l'Intérieur
(car ce dernier avait dû quitter ce poste chéri et précieux un peu avant l'échéance
électorale) trouvait que, à l'occasion du déplacement de Candidate femelle dans notre
région, il serait bon, il serait bien, il s'imposait que, nonobstant des divergences
d'opinion qui n'ont pas à intervenir dans l'exercice des fonctions, une femme, une
héroïne connue, assure en personne la protection de la future vaincue. Lola disait
journellement pis que pendre de ladite dont les propos anti-
Notre Chef de la police sut être persuasif, on n'a pas les détails mais notre Lola adore les hommes faibles et câlins; bref le jour de l'arrivée de celle qui celle que elle était là et salua réglementairement. Celle qui celle que l'aperçut, lui fit de grands sourires et profitant de la situation comme s'il s'agissait d'une partisane vanta la promotion des femmes même en territoire macho de la police, Lola était un être d'élite ! Et prise d'enthousiasme elle l'embrassa carrément. Eh bien, notre Lola fut absolument correcte. Fantastique. On l'avait privée de ses matraques électriques, de ses menottes, des balles dans son pistolet, de son couteau, même de son téléphone; La Flicaille se tenait à l'arrière avec tout le précieux matériel; Gros tas, lui, était à côté d'elle pour lui souffler à l'oreille des conseils, et surtout du calme du calme.
Proviçat aussi était venu. Il n'avait pas été moins difficile à décider. Il était une figure locale du grand combat, son absence aurait été commentée. Or l'union était plus que jamais nécessaire. Il s'était fait prier au maximum; enfin, quand il avait compris qu'on ne le prierait plus, qu'il ne servait à rien d'attendre près de son téléphone, il abdiqua. Il vint.
Après avoir loué Lola, Candidate femelle loua Proviçat. Elle voulait ratisser large.
Jozin restait maussade en son île, on en avait juste tiré quelques communiqués du
genre "pour perdre, autant celle-
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Dans le mouvement de foule occasionné Proviçat sous la pression recula vers le centre droit et se retrouva à côté de Lola. Ils se regardèrent avec méfiance. Ils s'étaient déjà vus. De loin.
Lola malgré elle était passée du rôle de flic en service au statut d'invitée privilégiée. Le service d'ordre interne national qui ne la connaissait pas, débordant le local qui la connaissait trop, la poussa doucement vers l'avant; Candidate femelle la voulait au premier rang. Elle aimait sa chevelure flamboyante, véritable symbole d'une ère nouvelle. Notre belle Lola, nous l'avons dit, ne savait pas résister à la douceur; elle lança un regard désespéré à Gros tas qui ne put qu'esquisser un geste d'impuissance, La Flicaille tenta une percée pour lui apporter ses armes mais la foule était trop dense et il dut se résigner à la soutenir mentalement par sympathie télépathique.
Candidate femelle commença son discours rassembleur face à notre belle rousse sur
le thème "femmes unissons-
Le lendemain notre local djournal publia en une la photo de notre belle rousse avec Candidate femelle; elles venaient de chanter ensemble et en redescendant de la tribune Candidate femelle n'avait pu résister à l'envie d'embrasser notre belle rousse, les larmes et la joie aux yeux d'avoir si bien chanté. On parlait d'un ralliement spectaculaire. On en restait ahuri dans la banlieue.
Lola découvrant la photo eut un éblouissement qui l'aurait conduite à l'évanouissement si la rage ne l'avait emporté. Elle hurla qu'on l'avait trahie. Elle voulait passer tout le commissariat à la matraque électrique. Notre Chef de la police eut encore besoin de beaucoup de douceur pour la ramener au calme. A l'évidence il savait d'y prendre.
7
Quiqui aussi eut son mitingue chez nous. On l'aimait bien ici.
Lola, qui n'était pas en service, vint assister au beau discours avec tous les copains
qui n'étaient pas en service non plus, c'est-
Futur Louis, avec toute la vigueur du Hun sur le champ de bataille, serrait les pognes qui se tendaient quand il aperçut notre belle rousse. Sa chevelure attirait l'oeil. Il écarta de ses bras puissants les sympathisants qui les séparaient, marcha jusqu'à elle, la prit dans ses bras et l'embrassa dans un délire d'applaudissements. Lola était toute rose de bonheur. Quiqui fit un signe à son service d'ordre, il la voulait au premier rang. On laissa notre Chef de la police où il était, il eut le bon goût de ne pas s'en formaliser.
Proviçat n'était pas là.
Croûton avait pensé venir mais il n'avait pas réussi à croire suffisamment que le nouvel élu changerait quelque chose pour vaincre sa fatigue après une journée à garder les gosses gangrenés par Proviçat.
Futur Louis commença son discours sur le thème de la femme libre au travail, valeur
clef. Le mérite partout devait être récompensé. Il se réjouissait de la promotion
de femmes comme Lola qui avait prouvé une efficacité hors du commun. Il la fit acclamer.
Ensuite il parla des handicapés, trop souvent rejetés par l'école, notamment par
les lycées, et il nota à ce sujet qu'aucun proviçat n'était là ce soir parce ces
gens n'aiment pas s'entendre dire leurs vérités. De ce point on passa aux délocalisations
et aux patrons voyous : il fallait vaincre le chômage, rien de sérieux n'avait été
fait depuis vingt ans (il ne cita pas le nom de Chosset), il était indispensable
de mettre en avant le travail, eh oui, au lieu des trente-
En redescendant de la tribune après le martial hymne de la nation il ne put s'empêcher d'embrasser notre belle rousse qui avait les larmes et la joie aux yeux d'avoir ouï un si beau discours et après d'avoir bien chanté.
Le lendemain notre local djournal publia en sa une la photo historique de Lola dans les bras de Louis sous les regards charmés de Gros tas, de La Flicaille et de notre Chef de la police. Il était en train de l'inviter pour assister à la grande fête qu'il donnerait le soir de son élection. Elle avait dit oui d'une toute petite voix émue.
La banlieue retrouvait ses marques, elle avait été déboussolée par une fausse information
de la presse, on ne savait plus où était l'ennemi. Au même moment disparaissait Guantamini
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8
Et Merlet ? C'est vrai... Il devait pourtant s'y trouver, au mitingue. Je ne l'ai
pas vu. Sans son papa Lion-
...
Je me suis renseigné, personne ne l'a vu. Ce n'est pas une preuve de son absence,
évidemment. Mais selon la rumeur, pendant que Cléo travaillait en la lointaine Paris,
il aurait renoué avec son ancienne crétaire, il en aurait oublié l'heure, la journée,
la soirée, la nuit et même le lendemain. Ensuite elle s'est réinstallée dans Son
bureau d'où elle a balancé par la fenêtre les affaires de sa remplaçante, elle a
averti les sous-
La politique avait subi là un accroc dû à l'intrusion de la vie personnelle, mais
ce n'était pas dramatique, l'exemple d'en-
Pour le moment on se préparait à assister au grand débat qui aurait lieu ce soir.
Chacun mit sa chaîne préférée pour regarder les mêmes images. On faisait de la démocratie de salle à manger. On avait déjà le commentaire républicain à la bouche. Les enfants étaient tenus de regarder, c'était bon pour leur éducation civique. On était à un spectacle familial. Même s'il y avait à dire côté famille sur les deux vedettes... On se souvenait de Prédissident et de sa fille cachée avec la complicité de toute la presse libre et consciente de ses devoirs pour qu'il puisse avoir des voix de catholiques pratiquants sans lesquelles il serait resté secrétaire général du parti socialo, on se glissait des anecdotes invérifiables sur Chosset selon lesquelles la Première dame était la première cocue de France, bref pour les nouveaux postulants on n'était plus très regardants. La TV enseignait tous les jours que les familles recomposées rendent les enfants parfaitement heureux, que la séparation des parents n'est pas un drame mais une heureuse conséquence de la libération des moeurs et de la femme... les deux candidats étaient les parfaits représentants de cet enseignement. Les journalistes ne s'étaient pas trompés, il n'y avait pas d'erreur de casting.
Les entrées en scène furent sobres. Les journalistes d'abord. Puis les candidats qui serrèrent la main aux premiers arrivés. Quiqui avait reçu du sort la droite de l'écran. Rien que de beaux costumes. Elle était bien aussi mais le tissu de son tailleur n'avait pas le raffinement de celui de Futur dont la cravate ne put pas davantage être l'objet du plus éhonté reproche. La table se tenait de pieds fermes, elle soutint le poids de la gauche et de la droite sans broncher.
Il y eut de grands moments destinés à la rediffusion : la sainte colère de Candidate femelle contre Quiqui qui causait aussi des handicapés alors qu'il se trompait sur...
Elle avait été blessée au début de sa campagne par les pièges de journalistes qui, ne croyant pas à sa candidature, en avaient profité; on lui demandait des chiffres précis sur ceci, des détails sur cela et quand elle avait répondu à côté, s'était trompée ou n'avait pas répondu du tout, on se gaussait dans la presse pendant des jours. On avait carrément essayé de la faire passer pour sotte. Elle avait une revanche à prendre.
A son tour de parole, elle procédait envers Quiqui comme les journalistes à son égard.
Elle voulait prouver qu'elle connaissait les chiffres. Le ton de son côté était un
peu tendu. Elle savait des choses, nota-
En face, Futur composait : s'il répondait sur le même ton, c'était le mâle dominant
qui voulait s'imposer par la force à la faible femme; s'il ne répondait pas assez
fermement il ne portait pas la culotte. Les hommes devant la télé, qui s'étaient
trouvés une fois ou l'autre dans ce même cas, attendaient le modèle. Futur ne perdit
pas son sang-
Un sommet fut sur la part du nucléaire dans l'électricité domestique; coincé, il dut lui répondre un chiffre; elle triompha : le bon était un autre chiffre, qu'elle donna. Il se trompait, elle se trompait aussi. On sut plus tard qu'ils s'étaient trompés tous les deux. Les deux journalistes étaient restés cois, ils n'en savaient rien. Mais on comprit que pour suivre la soirée il fallait l'Encyclopédie à portée de la main, on alla la chercher et on tentait de vérifier au fur et à mesure.
On frôla le jeu de massacre.
Est-
On ne s'engueula pas sur scène parce que Quiqui voulait totalement être président.
Dans les familles on régla les comptes à coups d'encyclopédie, les urgences multiplièrent les points de suture en fin de soirée, les meilleures encyclopédies étaient celles en papier, celles sur ordinateur étaient trop dangereuses pour une soirée électorale.
A la fin Futur Président fit la tournée de la table pour les poignées de main en commençant par sa noble adversaire.
Sans eux on passa au débat traditionnel : qui a gagné ? Dans le poste les djournalistes voulaient donner l'avantage à Candidate femelle mais hors du poste, massivement l'avantage fut donné à Futur : les politologues se soumirent à la décision de la rue.
9
Croûton avait juste jeté un coup d'oeil au débat. Le cirque démocratique lui paraissait nécessaire sans qu'il se crût obligé d'assister au spectacle. Il faudrait éviter le lendemain les gens à l'éternelle question du quoiquonenpense. Il avait assez de problèmes dans la vie pour se ficher du superflu. Il préférait Quiqui sans en attendre rien, simplement son discours était conforme à ce qu'il attendait autrefois.
Toute notre ville bruissait de commentaires qu'il traversa indifférent pour se rendre
au bordel-
Pourtant elle n'avait pas compris la né'ss-
Croûton répondit ironiquement à Proviçat que Poitiers était unijambiste aujourd'hui.
Après consultation du Haut conseil pédagoglique du bordel-
A quoi i servait-
Il en était au désespoir très profond quand Lola épaulée par La Flicaille et Gros tas pénétra sans façon dans le sanctuaire adolescent de l'enseignement, de l'éducation et du sport. Il était question de cannabis, elle voulait arrêter Petite Pervenche. Proviçat remonta des abysses dépressives pour contrer la scandaleuse intrusion des forces de l'ordre en territoire gaucho. Le droit d'asile interdisait une arrestation ici. L'attentat ferait la une de la presse la nationale demain, l'Arzi filmait avec son portable.
Le rousse Lola commençait d'en avoir marre. Elle balançait dangereusement et très
nerveusement sa matraque électrique. Gros tas prévint la bavure. Il entama des pourparlers
diplomatiques avec l'anti-
Lola se retira avec ses troupes mais elle avait la rage. Ce Proviçat elle le coincerait
un jour. Elle flairait le terroriste-
Le soir Petite Pervenche n'osa pas rentrer à la maison. Papa qui avait fait tant
d'efforts pour l'éduquer yoyotait entre ô rage et ô désespoir. Il multipliait les
reproches à sa placide épouse, et c'est vrai qu'elle était bovine, mais sans ça elle
ne l'aurait pas épousé. Brusquement Papa changea de peur : est-
Lola, tard, coinça Petite Pervenche. Elle préviendrait la famille et la juge quand
elle aurait cessé d'oublier. Elle se sentait elle aussi une volonté éducative. Là
où les autres avaient lamentablement échoué, réussirait-
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Candidate femelle avait laissé un message sur le répondeur du battu Centriste opportuniste,
ex ministre-
Il accepta néanmoins un rendez-
C'était bizarre de la voir lui tendre la main alors que boudeur il refusait de donner la sienne. Le couple ne dansa pas le tango, il ne dansa pas la samba, il essaya un peu les danses à la mode pour le vote des jeunes, les disquejokeys les plus fous tentèrent des effets racoleurs sur lesquels ils improvisèrent sans dépasser les 50 % de satisfaction, finalement on fit un dernier tour de valse pour les plus de cinquante ans et on se quitta fatigués.
Bêgroux se jura de ne plus jamais répondre aux messages de son répondeur; après on en avait pour des semaines à se remettre.
Le jour du vote fut; les électeurs allèrent; les résultats parurent.
Et Quiqui devint Louis. 53-
Le centre s'était partagé équitablement entre les deux candidats. Les voix de l'Extrême avaient fait la différence.
Il y eut deux grandes fêtes : celle de l'élu... et celle de la battue. Les médias auraient bien voulu montrer Candidate femelle en larmes, tristounette, donnant la menotte à Concubin venu la réconforter... Il n'en fut rien. Son score avec une absence de programme due à la déliquescence du parti qu'elle représentait, lui semblait l'assurance de la victoire cinq ans plus tard. Elle était sauvée ! Son score, après les débuts chaotiques de sa campagne, sabotée par remarques et articles de presse de Concubin et d'autres caciques, son score était inespéré. Elle rayonnait. Elle fit de petits discours joyeux. Et ses électeurs déçus ne furent pas mécontents.
Pendant ce temps après un jubilatoire discours bien préparé depuis longtemps, plein
de promesses pour tout le monde ("je ne vous trahirai pas" tralala), Louis se rendit
au Fouquet's, luxueux restaurant aux prix ad hoc, où des intimes qui avaient aidé
à sa campagne mangèrent bien avec lui et reçurent la consigne de ne plus l'appeler
Quiqui en public mais Monsieur le président. On trouvait là un chanteur, un fouteballeur...
bref des non-
Louis fit encore un discours. Puis la musique reprit ses droits. Même avec la Marseillaise. On avait ressorti pour l'occasion une vedette d'autrefois qui donnait le la aux vedettes actuelles, et tous en choeur.
Dès le lendemain la presse révéla que femme de Louis n'avait pas voté. On guillotina l'Antoinette dans les gazettes. Beau début pour le couple royal.
Après une nuit en famille, tranquille, dans un hôtel de grand luxe, Louis partit en vacances avec les siens.
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Notre mer est pâlichonne aujourd'hui, elle a dû prendre un coup de froid; il y a un vent qui chasse les nuages et les degrés; et puis elle a trop fêté la victoire. Ses vaguelettes sont sans force, elles veulent montrer une jolie crête et s'effondrent sans atteindre le rivage, ce n'est pas de sitôt qu'elles rejoueront à l'Atlantique.
Nona, notre futur maire -
"Le Louis, c'est pas lui qui fera fonctionner le trameway. Bonne chance quand même en attendant les municipales."
Avant il y avait l'élection des putés, juste le temps d'une semaine de vacances, de s'installer à l'Elusé, de mettre en place le gouvernement et d'annoncer les premières réformes pour bien expliquer aux électeurs que le nouveau président a besoin d'une majorité, ce que, les sondages le confirment, ils ont bien compris tout seuls.
De retour, à l'aéroport Lola a été accueillie comme une vedette. Notre Chef de la
police était venu la saluer, les journalistes locaux posèrent des questions locales,
les photos et le reportage télé prouvaient que la police de Louis est photogénique.
Aucune pareille chez les quicains, les angles et les saxons, pour ne pas parler des
grosses miettes du monde et des petites. Elle s'engagea à une police plus humaine
sans faiblesses -
Merlet aussi, au fait, était rentré. Mais par l'avion suivant. Il n'y avait plus la presse, il aurait dû arriver avec Lola, mais il ne voyageait pas en classe économique. En plus il était sans Cléopâtre qui se trouvait occupée par son émission; seule crétaire était à l'attendre; un seul être vous manque, mais si vous en avez une autre le bonheur est là quand même.
Les nuits de notre ville ne sont pas calmes. Elles brûlent du désir animal de vivre.
On lutte mollement contre la prostitution pour ça. Certains pourraient croire qu'un
bon bain de mer et hop voilà les excités calmés; mais pas du tout. Il y a une atmosphère
énervée en permanence, justement due peut-
Tout le monde ou presque est à son poste. Proviçat rumine d'atroces vengeances contre
Candidate femelle qui a favorisé l'entrée au parti de gens qui n'ont eu qu'à payer
au lieu d'être choisis par les copains. Jusque là le socialo-
IV En avant la publique !
1
IL n'y avait pas de scandale, mais non. Ah, il commençait bien. Et où exactement ? J'ai pensé à y aller moi aussi, mais c'est loin. Et c'est cher. Pas pour lui, pour lui c'est gratuit. Mais quand on vous offre, qu'on est si gentil avec vous, on s'attend à ce que vous soyez gentil également, à votre tour. Tout cela ressemble à ce qu'on appelle un geste commercial; on sort du domaine des affaires pour avoir des chances de réaliser de bien meilleures affaires.
Louis, en famille, était à Malte sur un yacht prêté par un milliardaire.
Sûrement une idée de l'Antoinette.
On ne la guillotinera jamais assez.
La rumeur devint certitude quand on eut les images. Le bateau était grand mais d'une
allure vieillotte. Moi je n'aurais pas acheté celui-
Ce n'était pas un scandale. Non. Même les adversaires politiques de Louis le rappelaient avec insistance. On venait de l'élire, il fallait attendre un peu avant de se scandaliser.
Enfin, il avait du beau temps là-
La presse gonfla ses voiles et mit le cap sur Malte.
Louis fut très dérangé par le téléphone. Ses conseillers conseillèrent. Son porte-
Louis débarqua sur l'île en courant. Le jogging du yatchman trotta sur fond bleu. Il était un homme comme les autres, la réussite et le luxe ne l'empêchaient pas de suer, il souffrait pour garder la ligne afin de plaire à l'électrice. Les hommes constataient qu'il avait de l'énergie et qu'il faisait comme ils l'auraient fait, le même footing, s'ils avaient été moins fatigués par l'ennui de leurs vies. Parfois Louis arrêtait sa course pour communiquer. Car outre ses gardes du corps, les djournalistes couraient un peu; en fait ils attendaient surtout dans les virages.
Il expliquait qu'il avait travaillé dur et qu'il avait bien mérité quelques jours de vacances en famille. Il expliquait et il comprit qu'il devait rentrer.
Il reprit le même avion. Qui l'avait attendu. Un avion privé gratuit lui aussi. On soulignait que l'escapade n'avait rien coûté au contribuable.
Il se plaignit, il n'avait eu que quarante-
Le retour de Varennes fut triste. Antoinette et fiston constataient que les châteaux sont tous de sable.
Quelques jours plus tard Louis prit sa place à l'Elusé.
Il raccompagna Chosset à la porte et ne rentra dans son palais que quand il fut sûr que l'ex ne pourrait pas forcer les portes pour revenir.
Il fut intronisé par la Pzident du Consteil Constiti. Il fit un beau discours. Il
fit un baiser sur les lèvres à l'Antoinette. Il reçut dynamiquement et joyeusement
tout le monde en général et chacun en particulier. Il dit -
La journée du triomphe remplit la presse quelques jours. On s'intéressait aussi à
la retraite parisienne de Chosset, prêtée par un milliardaire. Chacun avait le sien.
Mais, observa-
Chosset n'était pas regretté. Il n'y avait pas de fleurs pour lui. Globalement le
pays était soulagé. Il avait le sentiment qu'enfin quelque chose se passerait, que
tout devenait possible. Au temps de Chosset il fallait aller dans le sens où paraît-
On allait voir ce qu'on allait voir. Les lendemains chanteraient bien un jour. Le coq n'est pas si plumé et il a encore de la voix. Il va chanter à nouveau. Demain.
2
Quand croûton vit le rapport de la Liaunyaise, reçu hors de tous les délais prévus
par les textes officiels -
Proviçat se crut vainqueur de la France. Il arborait son petit sourire satisfait
et derrière le dos de croûton montrait le rapport aux copains. Voyez comme il était
puissant, le Proviçat ! Il obtenait des rapports truqués à la demande; les compréhensifs
copains-
Croûton fit de suite le contre-
Voici le contre-
Remarques sur le rapport de Mme Liaunyaise.
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Contacté enfin, revenu en catastrophe, Proviçat, ce rapport sous les yeux, tremblait
de colère gauchiste. Quoâ ! On se permettait de le mettre en côoose, luî, le dieu
de la pédagoglo, unanimement admiré par l'Arzi, la Bizi et la Catleen ainsi que de
moindres ! L'insolence de l'anti-
Aaâââh on va vooir ce con va vooir ! Mô au croûton !
L'Arzi inquiet conseilla une approche sans couteaux ni revolvers. Alors comment en finir ? Les lois n'ont pas toujours l'esprit pratique, la lettre non plus d'ailleurs, et elles ne prévoient pas les exceptions.
Proviçat fit paraître croûton en son beau bureau. Il lui tint ce langage :
"Vous avez offensé en moâ la dignité la grande de Meumeu, de pédagoglo et de Jozin. O Jozin ! Vous étês un infâme. Je ne pâale même pâs de moâ, de ma Personne, mais de tout ce que je r'présent'. Les temps nouveaux sont en moâ. Les forces de progrès sexeprim' à travè moâ. Oui. Moâ ! Ah ! Dans ton rappô (Il tutoyait le criminel comme il l'avait vu faire dans les interrogatoires policiers de la télé), t'i dis des chôooses j'veux pâs ! Quoâ ! Quoâ ! T'i vas enl'ver. Ouste !
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On se quitta sans progrès dans les négociations. Les autres qui écoutaient derrière les deux portes, d'abord pleins d'espoirs de la mort du croûton, étaient consternés. La secrétaire avait des yeux si ahuris qu'ils lui en faisaient mal. Le croûton ne s'était pas écrasé devant les forces de progrès. La résistance continuait malgré les menaces d'exécution. Il aurait fallu s'en prendre à sa famille. L'Arzi fumait d'indignation, la Catleen répétait sans arrêt qu'il fallait qu'elle s'en aille, elle devait aller chercher ses enfants avant l'heure à la p'tite écôl', la Bizi pleurait à moitié quand elle s'arrêtait de répéter "Titanic ! Titanic !"
Croûton n'en fut pas absent le lendemain pour autant. Il fit ses cours comme d'habitude et comme il entendait les faire.
3
Proviçat l'avait dit, il le répétait à l'Arzi, à la Bizi, à la Catleen qui désespérément
tentait toujours de partir, le croûton i d'vait être fou. Oser s'opposer à Proviçat;
pire, le dénoncer ! Enfin quoi ! Privilégier les meilleurs, n'est-
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Il devait être fou, le croûton. Proviçat avait beau retourner et retourner les faits-
"Le croûton i est foû à lier. Lions vite. Un bon intern'ment à perpète. Ça ar'ange tout l'monde. Bon pour enter'ement pématu'é aussi. Car fou." Signé : Sa Hautesse Proviçat.
Les proviçats et les inspecs d'l'éduc un peu partout en friance avaient utilisé le truc pour briser les résistances. Leur acharnement par leurs rapports idéologiques déclarés pédagogiques, leurs propos insultants destinés à déstabiliser l'homme honnête qui faisait son travail, leurs notes révoltantes pour humilier leurs supérieurs réels qui ne feraient pas carrière car ils n'avaient pas les copains, ah ils en avaient poussé à la dépression, en toute bonne conscience. Des internés sans autre raison qu'eux. Des suicidés aussi ? Mais quoi, pas de vagues, disait Bêgroux. Tous les micuistres d'l'éduc d'accord. Ils ne devaient pas aimer la mer. On ne les voyait jamais chez nous. Le croûton avait le pied marin.
Le croûton se demandait s'il ne pourrait pas faire interner Proviçat. Et flanquer en taule l'oie Liaunyaise. La tâche n'était pas aisée. L'avocat consulté estimait que la connerie, même à très haute dose, n'était ni une preuve d'aliénation ni un crime. Il s'agissait tout de même de deux dangers publics. Il fallait en délivrer la planète ! Restait le meurtre. Cette solution, il le sentait bien, serait critiquée. Si, si. Les mous qui trouveraient la cause juste, trouveraient néanmoins sa liquidation mauvaise. L'idéal était que Proviçat fasse la sottise qui permettrait de porter le débat à la une de la presse par l'intermédiaire du tribunal. Il fallait attendre.
Ce fut en vain. Entre sa vanité et sa panique, Proviçat pour une fois écouta la raison. Il ne bougea pas.
La Liaunyaise non plus.
En apparence rien ne se passait au bordel-
4
Une fois en la place d'or, Louis promulgua son gouvernement de l'Elusé. Il n'avait pas tardé. Un président dynamique ne traîne pas à donner un gouvernement resserré donc dynamique, de l'énergie concentrée. D'abord il avait nommé Premier ministre son coadjuteur de campagne, Flonflon, long maigre couteau.
Naturellement on avait veillé aux fuites nécessaires pour que les surprises ne secouent
pas trop l'opinion et que djournalistes soient satisfaits de donner les bons noms
en avant-
Louis avait décidé l'ouverture avec les femmes obligatoires dedans.
Il y mit Jupin, l'ex-
Trop d'habileté tue l'habileté. Si les partisans de Chosset étaient contents de se voir représentés par Jupin, ils n'étaient plus si nombreux, le voir s'occuper de l'écologie en considérant son passé faisait ricaner beaucoup d'autres, son titre de seul ministre d'état fit lever plus d'un sourcil. La présence d'une marocaine à la justice inquiéta : les immigrés désormais tenaient le système judiciaire. Quant aux deux socialos, on remarqua qu'on avait voté contre eux et qu'on les avait quand même là; alors c'était pareil : on votait pour eux, ils étaient micuistres, on votait dehors ils étaient malgré tout dedans, micuistres.
Le parti socialo déclara officiellement traîtres les deux traîtres.
L'Extrême nota qu'il n'y avait personne de son mouvement, or les siens avaient voté pour le nouveau président, pas les socialistes.
Personne n'osa parler contre la marocaine d'une part parce que comme au temps de
Chosset on aurait été déclaré raciste, d'autre part parce que c'était une femme et
que l'on aurait été déclaré anti-
Le ministère de l'immigration et de l'identité nationale, projet controversé avant l'élection, passa , ainsi que son premier titulaire, inaperçu.
Les nommés étaient contents. Ils arboraient de grands sourires sans se forcer. On les comprenait mais on en avait vu tellement comme ça avant de devoir les changer. Néanmoins le côté patchwork de ce gouvernement divertissait, les coutures en paraissaient grossières, on pariait sur le temps qu'elles tiendraient. Les djournalistes bien informés avaient le droit de laisser entendre que l'on aurait aussi une noire et une autre maghrébine dans les secrétaires d'état, et encore un ou deux socialos. Un trotskiste nous aurait amusé, mais Louis nous le refusa.
Flonflon dirigeait la campagne législative. Il prévint. Un ministre battu aux élections devrait démissionner. On s'intéressa avec sollicitude à son cas.
Les socialos avaient très peur d'être très battus. Le problème, paraît-
Le parti du président demandait d'être logique et de voter pour le parti du président. Ce n'était pas la peine de s'être dérangé pour lui si on ne recommençait pas.
Les centristes s'étaient divisés. Centriste opportuniste Bêgroux avait en effet décidé tout seul d'avoir son parti bien à lui pour ne pas risquer de ne plus être grand dirigeant. Il avait donc par un coup asséné en traître débarqué ses sceptiques, qui dans un nouveau parti présentaient aux élections leurs chauffeurs, leurs femmes de ménage, leurs conseillers matrimoniaux, leurs loueurs de vélo, tandis que lui présentait en son nouveau parti des inconnus.
Chaque voix rapporte annuellement de l'argent de l'état au parti auquel elle s'est donnée.
Candidate femelle ne se présentait pas pour être simple putée mais elle alla bravement soutenir certaines et certains. Elle voulait consolider ses troupes pour s'emparer du parti et reprendre la bagarre contre le roi élu dans cinq ans. Si elle avait un si bon score sans programme valable, sans avoir l'expérience, sans avoir les soutiens inconditionnels des siens, sans grande chance en vérité, tous les espoirs étaient permis avec cinq ans pour se préparer.
Louis agissait certes. Mais toute action est à double tranchant.
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Dans cette curieuse république tout était fait légalement pour qu'un petit nombre
puisse s'approprier l'état démocratiquement. Non seulement les partis, même relativement
ouverts depuis peu, étaient des clubs privés ou des systèmes à deux niveaux, des
petits actionnaires colleurs d'affiches en bas, nommés militants, et, à l'étage au-
Mettons que vous vouliez, étant donné la nullité d'un maire et de ses quelques concurrents "informés", vous présenter. Alors que vous n'êtes pas dans un système de parti où de plus anciens peuvent vous dire comment gérer la ville. Vous savez ce qu'il faudrait faire, vous ne savez pas comment le faire; ceux qui par hasard ont été élus quand même n'ont pas pu réaliser grand chose; le temps qu'ils apprennent, leur mandat était écoulé et, faute de bilan positif, ils n'avaient pas de deuxième chance. Ceux des partis en place avaient beau jeu de dire : Vous voyez, c'est un métier, ce n'est pas pour vous la démocratie, c'est pour nous, parce que dans notre club privé on nous a appris comment faire. De la sorte aussi ceux qui arrivaient en place imitaient leurs prédécesseurs et, sans une idée nouvelle, pour avoir un bilan ils construisaient une nouvelle voie rapide démolissant la vie de tous les riverains. Mais puisqu'il n'y avait pas vraiment le choix, ils seraient réélus.
Pareil pour les conseillers généraux, les conseillers régionaux, les putés...
Certains réclamaient des cours du soir gratuits et en accès libre partout pour que les citoyens puissent apprendre comment en pratique ils feraient pour réaliser leurs idées s'ils étaient élus. On comprend le ferme et constant refus de ceux en place et qui voulaient le rester. Il n'y a pas de vraie démocratie sans accès général aux techniques de conduite des affaires.
Ainsi Nona, notre futur maire, a beau être très vieux, est-
Une de nos inquiétudes est l'augmentation des impôts locaux. On nous assène quelques
chiffres régulièrement pour la justifier; nous en parlons sans bien savoir, résignés;
les vaches conduites à l'abattoir croient peut-
La réjouissance démocratique du moment était la soirée du 1er tour de l'élection
putés. On apprit que la participation n'était pas forte. Des électeurs qui s'étaient
dérangés aux deux tours de la présidentielle avaient eu une panne d'essence ou bien,
vu les prix, n'avaient pas eu les moyens de refaire le plein. Quoi qu'il en soit
de leurs raisons, sondées mais sur ce point insondables, le parti du président l'emportait
largement. Dès le premier tour il avait de nombreux élus, dont le premier après Louis,
Flonflon lui-
A partir de ces résultats les sondeurs-
C'est là que l'on comprit que le renouvellement ne devait pas seulement toucher les politiques mais aussi les journalistes et les sondeurs. On nous avait déjà fait le coup. Tout électeur d'expérience sait que le second tour ne sera pas comme le premier sauf cas de force majeure pour l'électeur. On nous servait du réchauffé. On passait la soirée avec des discours qui n'avaient pas lieu d'être pour créer un suspense qui n'existait pas. La télé gâteuse rabâchait.
Les triomphateurs arborèrent un air hypocrite de non-
6
Lola avait reçu pour son commissariat de beaux pistolets électriques. A distance vous appuyez sur la gâchette, le criminel endurci tombe néanmoins, secoué de spasmes nerveux. Cet équipement complétait à merveille ses matraques. La consigne officielle était de faire faire l'expérience de la victime aux policiers afin que, ensuite, conscients des effets produits, ils n'abusent pas de la nouvelle arme. Lola se fit réglementairement tirer dessus par La Flicaille, après quoi elle entra dans une rage épouvantable et il reçut une décharge supplémentaire alors qu'il était à terre du fait de la première. Ensuite elle flingua notre Chef de la police qui voulait jouer à l'exempté et tout le commissariat se tordit bientôt.
De l'expérimentation à la pratique sur le terrain, il y a un petit pas de danse qu'elle
franchit sur sa lancée entraînant avec elle ses acolytes Gros tas et le maigre La
Flicaille mal remis. Aux abords du bordel-
C'était Petite Pervenche qui, avec une application rare pour elle, rayait consciencieusement la voiture rouge de croûton. Elle était toute à sa tâche. Elle n'entendait rien. Sa sérénité était due à la bonne conscience du service commandé. L'Arzi lui avait soufflé l'ordre vengeur de Proviçat. Tout à coup elle entendit : "Stop ! Arrête ça !" d'une voix forte, elle tourne la tête, découvre un commando, dans un compréhensible réflexe se dresse et se met à courir... elle était à terre et ça faisait mal partout, elle n'arrivait pas à se relever... Les autres riaient. L'un se pencha pour lui passer les menottes tandis que la douleur passait et que le contrôle de son corps lui revenait. Elle reconnut Lola.
Croûton ne sut jamais qui avait rayé sa voiture. Il y a tant de voyous. Depuis que l'école gauchiste s'occupe avant tout d'éducation elle en produit tellement.
Celle de Petite Pervenche, d'éducation, Lola la prit en main et, peu de temps après, à un souhait de l'Arzi la déléguée répondit qu'elle ne pouvait pas car elle avait décidé d'entrer dans la police. On ne sait au juste ce qui avait déclenché cette brutale vocation.
La nouvelle consterna Proviçat. Il y vit la corruption de la jeunesse par l'enseignement réac de l'ennemi croûton. Mais que faire pour délivrer les lieux de l'innocence adolescente des forces du mal ? Staline, Mao, Pol Pot avaient su comment agir, mais ici on n'avait pas le droit d'imiter les grands modèles. Pourtant, comment aller de l'avant si on n'élimine pas ceux qui ne peuvent pas être rééduqués ?
Les rapports de ses amis qui oeuvraient dans les Instituts de formation étaient éloquents : aucune méthode de déstabilisation et d'intimidation n'arrivait à bout de certains que l'évidence du génie pédagoglique de leurs maîtres n'avait pas converti. Certes il y avait la sélection cachée sur critères de compréhension idéologique, mais des dangereux passaient, entraient dans le sanctuaire d'l'éduc, ils sont là, parmi nous, parfois ils cachent leurs vraies idées, ils se taisent, ils attendent, ils sont prêts à frapper. Alors il faut frapper les premiers ! C'est de la légitime défense.
Ce sale coup de la drouète pervertissant une héroïne de la lutte contre les fascistes et assimilés (de façon très large) venait s'additionner à une série de décharges électriques que le destin lui avait sadiquement flanquées. Plus de laîtres. Fini. Le grand style de l'amour tomberait dans l'oubli des générations nouvelles car le temps de l'amour n'est plus, du noble, du foufou, de l'amour littérairement approuvé par un comité des meilleurs scientifiques; on ne saurait plus écrire des laîtres comme les nôtres, ô mon adorée; on ne saura même pas les lire. Il faudrait pour éviter ce drame les enseigner dans les classes... Mais si on n'élimine pas croûton d'abord... et tous les réacs... En outre, on venait d'apprendre qu'Elle divorçait. Cléopâtre ! Ton Proviçat ne te rencontrera jamais ! Jamais je ne tiendrai ta petite main dans la mienne. Tout d'abord il avait eu de l'espérance : elle redevenait libre, il était libre. Mais un gros noir nuage noya le rêve de son ombre. Un hebdo du voyeurisme la montrait en boîte de nuit avec un chanteur noir à la mode. Ainsi brailler vous met plus en vue que diriger l'éduc, dure tâche. Troisième coup : il n'était pas sûr qu'elle retrouve son émission à la rentrée. Proviçat ne la verrait donc plus ! Dans quelle agonie il allait passer ses longues vacances si glorieusement gagnées ! Que ce Merlet était stupide. Avoir eu une femme pareille et ne pas avoir fait tout pour la leur garder. C'est même lui qui l'aurait trompée, Elle ! Quant à trouver une explication, même le croûton i ar'ivrait pâs.
7
TVA sociale ? Qu'est-
Quelque chose de terrible nous menaçait. Economiquement l'équivalent d'une grippe aviaire ou d'une bombe à neutrons.
Quelles mesures fallait-
Le ministère de l'Economie, c'est-
La gauche entière multipliait les conseils pour se protéger.
Flonflon vint devant les caméras soutenir son ministre des rafles de nos économies. Il fit des sourires. Ensuite il prétendit qu'en diminuant les charges des entreprises et en augmentant la TVA payée par le consommateur, on créait des emplois. Et les prix n'augmentaient pas. Des pays barbares proches comme l'Allemagne et l'Angleterre avaient déjà appliqué cette excellente mesure. J'ai une longue expérience en la matière : quand on nous assure qu'il n'y aura pas d'augmentation c'est pour nous préparer en douceur à une augmentation. L'instinct de conservation sauva le pays du virus, Louis désavoua l'attentat et promit que les prix n'augmenteraient pas ce qui illico raviva notre inquiétude. Tant d'insistance sur ce point n'était pas naturel.
Tout bougeait car Louis est dynamique. Le ministre de la guerre qui présentait aux
législatives son chauffeur et tout son petit personnel nous menaça d'un second porte-
On n'arrivait plus à suivre tant de nouveautés. Les journaux se retrouvaient en boule dans les corbeilles sans avoir été lus, on évitait les maux de tête comme on pouvait, en pensant aux proches vacances par exemple.
Outre les festivals pour ceux qui ont de l'argent et les animations culturelles des campings pour ceux qui n'en ont pas, il y aurait des remplacements de programmes à la télé. Quand les vedettes ne sont pas là on a des vachettes, mais aussi plein de jeux nouveaux avec des gens normaux déguisés de façons diverses mais toujours avec des couleurs vives, ce n'est pas forcément drôle mais c'est curieux de voir ce que les gens n'hésitent pas à faire. Pas besoin de grimper l'Everest ni de souiller les pôles pour se dépasser. Les cadres et les PDG qui veulent se prouver qu'ils sont capables d'exploits, pourraient descendre parmi nous... c'est plus risqué, forcément.
Lola, toutefois, elle, pense au devoir. Avec l'arrivée des touristes la criminalité augmente. Et on en accuse la police, c'est radical. Les touristes, eux, apportent de l'argent. On leur lave les plages au canon à eau, elles en ont bien besoin; on met des fleurs au fond des trous du tramway; on rouvre les toilettes payantes; les sauveteurs s'entraînent pour empêcher les noyades. Les costumes clairs commencent de donner chaud; il faut déjà lutter contre les torses nus en ville pour garder l'image d'une villégiature de standing. Il y a du travail ici. On engage des saisonniers à bas prix et on tente de leur faire accepter des locations de studios à des prix plus élevés que leurs salaires; à défaut on les parque dans les coins dont personne ne veut.
Mais il y a un vent constant. Cette année la chaleur n'est pas arrivée aussi tôt que d'habitude. Les climatiseurs n'ont même pas encore servi. La mer ne dépasse pas les 21°, la température réelle (avec vent) ne dépasse pas 25 (28 sous abri selon la météo). On ira voter pour que tout rentre dans l'ordre.
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La participation n'était pas bonne. Au dernier moment on s'était dit au lit : Oh
c'est dimanche, quoi ! Une fois réveillé on était fin prêt pour le devoir civique
mais le moral ne remontait pas. C'était étrange. La veille encore on était bien décidé,
et puis là... maintenant... L'effort demandé par la République semblait au-
Car il y avait quand même une file d'attente, d'une dizaine d'électeurs, pas plus.
A qui l'abstention allait-
Les forces de l'Extrême échaudées par la composition du nouveau gouvernement, n'étaient pas allées voter pour le parti du président. La gauche ressoudée par le rejet de la TVA sociale avait repris du rose.
Comme d'habitude le second tour ne confirmait pas le premier. La Chambre des putés
ne serait peinte qu'en bleu pâle. Louis avait sa majorité et même ses aises mais
djournalistes pour essayer d'animer la soirée inventaient un effondrement de la droite.
Allait-
On s'ennuyait ferme devant le blabla politoclogue quand on apprit la séparation de Candidate femelle et de Concubin. En plein dans les résultats. Paf. Tous les toctoclogues contraints de parler d'amour, de temps qui passe, de rivalité politique dans le couple, sexe et beauté, intelligence et volupté. On ressassait sur nos chaînes radodantes tout ce que l'on savait sur les maisons, les revenus, les vacances, les carrières, les aventures des vainqueurs de la soirée. Ils firent grimper l'audimat au rideau et le septième ciel audiovisuel faillit être atteint. Une nouvelle période de sa vie commençait pour Candidate femelle. On lui donnait la garde des enfants. On lui laissait l'appart à Paris et la maison sur la Côte d'azur. Pour les vacances des enfants. L'électeur est un grand enfant. Délivrée de Concubin elle allait pouvoir materner l'électeur rose de satisfaction. C'était la marche vers l'Elusé qui prenait son vrai départ.
Le vaincu de la soirée fut Jupin. Ex-
Les toctoclogues voulaient s'acharner sur le ministre des dépenses qui avait révélé la TVA sociale de façon intempestive selon eux; il fallait que les djournalistes experts en audimat les rappellent à l'ordre sans arrêt pour les faire parler d'amour, d'amour autrefois heureux, aujourd'hui triste...
Le lendemain permit de nouvelles découvertes sur le couple qui avait failli être
présidentiel. Que ce serait-
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Croûton tenait en ses mains la mutation demandée. Ainsi c'était fini ? Il en avait
fini avec Proviçat et son troupeau ruminant. Mais ne tomberait-
Mort et résurrection ! Il respira un grand coup face à la mer toute en vagues élégantes
ce jour-
Bien sûr nettoyer le système scolaire prendrait du temps. Tous les éléments dirigeants
ou presque, contaminés, devaient être remplacés. Le balai n'était guère possible.
Croûton se dit qu'il faudrait encore subir des agressions, des contre-
Là-
Nona, notre futur maire, est allé à la mairie demander à l'actuel de le mettre au courant des affaires pour que la transition ait lieu sans heurt. La crétaire l'a foutu dehors. Merlet s'était enfermé dans son bureau. Il regarda la fin de l'algarade par la fenêtre caché derrière le rideau. Crétaire était impressionnante dans l'action ouste; forte en gueule et armée d'un redoutable cendrier à pied (objet devenu inutile avec l'interdiction de fumer dans les lieux publics mais audacieusement réemployé et réinséré dans la vie sociale).
La mer stoppa d'un coup, croûton en détourna la tête, les gens formaient partout
des groupes, ils discutaient les journaux à la main. Que s'était-
Il releva les yeux. La blonde aux sourcils d'hirondelle passa, courant, sans le regarder.
La mer reprit ses vaguelettes. Elle se soulevait à peine, en respiration apaisante.
Son bleu s'intensifia des rêves des vacanciers, un unique voilier au loin s'endormit
au soleil, le souffle presque imperceptible du vent fit son tour de plage, câlin.
Vers le sable au pied du château-
Fin